Son père est mort alors qu’il n’avait que six ans. A
10 ans, il contracte la polio et à 16 ans, sa mère l’abandonne, lui et son
petit frère pour se remarier. Bien que cette période fût la plus terrible de sa
vie, Bùi Van Binh n’a jamais renoncé à l’école. Il a poursuivi ses études avec
assiduité et a obtenu de bons résultats.
Un jour, un couple d’amis analphabètes, lui demande de donner des cours de soutien scolaire à
leur enfant. Le petit progresse si vite que d’autres parents le sollicitent à
leur tour.
Photo: hoabinh.tintuc.vn
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Et c’est ainsi que Bùi Van Binh a commencé à donner des
cours de vietnamien aux enfants démunis,
majoritairement issus de l’ethnie Muong.
« Je suis très heureux de leur avoir appris à lire à écrire en vietnamien
et à compter. Ils viennent me montrer leurs bons résultats scolaires et
m’appellent tonton. Aucun de ces enfants ne m’appelle maître ».
Aujourd’hui, presque tous les enfants du village
suivent les cours de Tonton Binh. Certains jours, ils sont une cinquantaine à
se répartir en plusieurs séances. Depuis plus de dix ans qu’il enseigne, Binh
n’a jamais demandé de rémunération. Les familles les plus aisées lui donnent 50
ou 80 mille dongs (moins de 3 euros) pour couvrir les frais d’eau et
d’électricité. D’autres le remercient avec des légumes ou du riz de leur
jardin. Donner des cours est pour cet enseignant handicapé une source de
bonheur.
Photo: hoabinh.tintuc.vn
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« Ça me fait du bien
d’enseigner. Avec mon handicap, si je n’avais rien fait, j’aurais déprimé. Ces
cours me motivent et donnent du sens à ma vie. Pour ce qui est matériel, je
n’ai pas besoin de grand-chose. Les allocations mensuelles pour handicapé me
suffisent plus ou moins ».
La petite chambre de Bùi Van Binh regorge de cahiers
et de livres que ses élèves ont laissés. Il a trois fauteuils roulants, deux
sont encore neufs. Ils lui ont été offerts par des organisations caritatives.
« A bon vin point d’enseigne », plusieurs personnes et organisations ont
proposé leur aide à cet enseignant altruiste et modeste.