Hà Anh Phuong, professeur d’anglais au lycée Huong Cân. Photo: VOV

Hà Anh Phuong, 29 ans, enseigne l’anglais au lycée Huong Cân. 85% des enfants de son école, située dans une zone particulièrement pauvre de la province septentrionale de Phu Tho (nord), sont issus de minorités ethniques.

Elle-même est née dans une famille Muong. Phuong a découvert sa passion pour la langue anglaise alors qu’elle était interne dans l’école des enfants de minorités ethniques de la région. À l’époque, le district montagneux de Yên Lâp où elle habitait n’avait pas d’accès à Internet. Déterminée à améliorer son niveau d’anglais, en dehors des cours dispensés à l’école, Phuong saisit toutes les occasions qui s’offrent à elle. Dans ses conversations quotidiennes avec ses colocataires, elle n’utilise que l’anglais et écrit de longues lettres à ses amis anglophones. La jeune passionnée s’essaie même à la traduction en vietnamien de vieux magazines anglais et ne rate aucun bulletin d’information en anglais à la télévision.

Sa persévérance est récompensée en 2009 lorsqu’elle reçoit le prix Hoa Trang Nguyên, du ministère de l’Éducation et de la Formation, qui récompense les élèves ayant obtenu les meilleures notes au baccalauréat.   

Après avoir obtenu son master en anglais à l’Université de Hanoï, et plutôt que d’accepter les nombreuses offres d’emploi qu’elle reçoit,  Phuong décide de repartir dans son village natal pour y exercer son rêve d’enfance: enseigner l’anglais aux élèves les plus pauvres.

Recrutée par le lycée Huong Cân, Phuong conçoit alors des cours très personnels et utilise Skype pour familiariser ses élèves à la pratique de l’anglais avec des anglophones. Phuong explique:

«Je comprends parfaitement les difficultés des élèves vietnamiens et ceux issus des minorités ethniques. La première fois que j’ai donné un cours en ligne, c’était après ma sortie de l’université. Mon rêve est de permettre à mes élèves de communiquer avec les anglophones des quatre coins du monde. Je leur propose d’échanger sur plusieurs thèmes déterminés à l’avance. Celui sur la lutte contre les déchets en plastique à usage unique a été suivi par les écoles d’une vingtaine de pays».

Il suffit d’un ordinateur, d’un compte Skype et d’une bonne connexion Internet pour permettre aux élèves de Phuong de participer à un forum réunissant des élèves et des enseignants de tous les continents.

Hà Mai Phuong, un élève de Huong Cân, indique :

“Ces cours sans frontière me permettent de communiquer avec des amis étrangers. C’est une méthode tout à fait neuve et vivante qui stimule ma curiosité sur le monde. C’est aussi l’occasion pour moi de présenter mon pays partout».

Ha Anh Phuong et ses élèves. Photo : Vietnamnet.vn

Les initiatives de Phuong sont très appréciées par ses collègues et sa hiérarchie. Nguyên Duc Phong, directeur adjoint de son lycée, a déclaré:

«Les cours en ligne de Phuong sont très utiles en cette période de crise du Covid-19. Les autres enseignants appliquent désormais cette méthode et ça marche».

Phuong donne aussi des cours en ligne gratuits aux enfants pauvres en Inde, en Afrique du Sud et aux États-Unis.

«Je fais partie de Microsoft Teams qui réunit des enseignants d’anglais de différents pays qui donnent gratuitement des cours aux élèves défavorisés des régions pauvres du monde», confie-t-elle.

Originaire d’une région reculée et pauvre, Hà Anh Phuong est aujourd’hui une  enseignante d’envergure mondiale. Elle envisage de développer sa chaîne d’apprentissage d’anglais sur YouTube pour mettre ses compétences au service  du plus grand nombre.