 Khuong Bich Hang et ses élèves malvoyants. Photo: VOV |
Chaque lundi et mercredi, Lê Minh Châu, en 4e année au collège Nguyên Dinh Chiêu, et ses amis malvoyants se rendent chez Khuong Thi Bich Hang pour suivre leur cours d’anglais. Dans une pièce transformée en salle de cours, sans tableau ni craie, où ni l’enseignante ni les élèves ne se voient, l'ambiance est conviviale et animée. Minh Châu déclare:
«J’apprends de nouveaux mots et la grammaire. J’apprends également à lire, à écrire et à parler. J'ai aussi des exercices à faire. C’est passionnant!»
Devenir professeur d’anglais pour les enfants malvoyants est le rêve le plus cher de Bich Hang depuis son enfance. Manquant d'un nerf optique, Bich Hang est malvoyante depuis sa naissance. Consciente de son handicap, elle a toujours eu peur de l’obscurité et de la solitude. Depuis la naissance de son petit frère, qui partage le même handicap qu'elle, Hang a décidé de changer, de devenir plus forte et autonome. Elle affirme que «le handicap n’est qu’un inconvénient, pas un malheur» et s'efforce de progresser continuellement.
"Les difficultés sont des obstacles, mais aussi une motivation qui me pousse à progresser. Pour moi, ce ne sont que des tests incontournables dans la vie. L’important est de savoir comment s’y adapter et les traverser", nous confie-t-elle
En 2013, Bich Hang a rejoint un cours d’anglais proposé par Vietnam and Friends, une ONG qui soutient le développement des personnes malvoyantes. C’est là qu'elle a découvert sa passion pour la langue anglaise. Après l'obtention de son baccalauréat, elle a choisi la faculté de pédagogie d’anglais à l’École supérieure de langues étrangères, rattachée à l’Université nationale de Hanoï. Avec l'aide de ses professeurs, de ses amis, et surtout d'un logiciel de lecture pour malvoyants, Bich Hang a pu terminer brillamment ses études et obtenir un diplôme avec la mention "Excellent".
«À l’époque, il n’existait pas encore de méthodologie en braille. Je devais donc tout retranscrire en écriture en relief pour mémoriser. Aujourd’hui, les étudiants malvoyants ont accès à des documents en braille, aux outils informatiques et aux appareils intelligents, ce qui rend beaucoup plus facile leur apprentissage», note-t-elle.
Afin que ses élèves ne rencontrent pas les mêmes difficultés qu'elle, Bich Hang prépare des documents en braille et s'efforce de créer des leçons aussi créatives qu'adaptées à leurs besoins.
«Après l’université, je voulais faire quelque chose pour aider les enfants malvoyants. Aujourd’hui, je suis heureuse et satisfaite de ce travail. En plus, c’est la compréhension entre les personnes de même situation qui tisse les liens entre mes élèves et moi. Je veux les aider à surmonter leurs difficultés et à trouver des solutions pour chaque épreuve dans la vie. Je souhaite qu’ils puissent devenir confiants en eux, trouver un emploi qu’ils aiment et s'intégrer dans la communauté», partage-t-elle.
En effet, les cours de Bich Hang sont de petits moments de bonheur pour les enfants.
«Parfois, Madame Hang nous fait rencontrer des amis étrangers des écoles internationales. Ses cours sont intéressants. Ses explications sont faciles à comprendre et à retenir», dit Hoàng Minh.
«J’aime les activités en plein air ou en groupe. Il y a beaucoup de jeux pendant le cours. J’adore», ajoute Minh Châu.
La fille timide et peureuse d’hier est devenue aujourd’hui une enseignante enthousiaste et confiante. Elle a réalisé son rêve de transmettre ses connaissances, mais a également allumé l’espoir des enfants malvoyants en un avenir plus radieux.