En janvier 1967, le colonel Dông Sy Nguyên a été promu commandant du groupe 559 chargé d’approvisionner en matériel les forces opérant dans le Sud du Vietnam, à travers la chaîne de montagnes de Truong Son. Sous son commandement, la piste Hô Chi Minh, dont la construction avait démarré en 1959, a été élargie et allongée. Extraordinaire réseau de sentiers, de routes et de chemins,  la piste Hô Chi Minh a joué un rôle capital dans la libération du Sud et la réunification du pays. La période 1967 à 1975 est sans nul doute la plus glorieuse de la carrière militaire de Dông Sy Nguyên. Fort de son commandement légendaire, Dông Sy Nguyên a également été le premier à comprendre l’importance stratégique de cette route pour le développement économique. Le général de brigade Vo So, président de l’association des anciens de la piste Hô Chi Minh, raconte :

« Après la guerre, le général de division Dông Sy Nguyên a persuadé le Parti et l’État d’élargir la piste Hô Chi Minh vers l’ouest, pour en faire la route Hô Chi Minh telle qu’elle existe aujourd’hui, c'est-à-dire reliant la province de Cao Bang au nord à la province de Cà Mau, à l’extrémité sud. Il a défendu ce projet avec force arguant que la route servirait non seulement la défense nationale mais également le développement socioéconomique ».

Après la guerre, Dông Sy Nguyên est nommé ministre de la Construction, puis vice-Premier ministre et ministre des Transports et des Communications. Il ordonne la construction de plusieurs usines importantes comme les  cimenteries à Bim Son, à  Hai Phong, à  Kiên Luong, à Thuân Châu, la centrale thermoélectrique à Pha Lai, l’acierie à Thai Nguyên, ou encore la centrale hydroélectrique à Hoà Binh considérée comme l’ouvrage industriel du 20^e siècle. Dông Sy Nguyên patronne aussi la réalisation du pont Chuong Duong, le premier grand pont construit par les Vietnamiens. Pour Nguyên Manh Kiêm, ancien ministre des Transports et des Communications, Dông Sy Nguyên était un visionnaire hors pair :

«  Dông Sy Nguyên a vu très loin lorsqu’il a élaboré le  plan d’aménagement du secteur des transports. A l’époque, le pays ne disposait ni des moyens financiers ni des capacités techniques pour réaliser ce que nous souhaitions, mais il nous a montré la voie en définissant les étapes à suivre de manière claire et précise », raconte-t-il.

A la retraite, Dông Sy Nguyên a continué à réfléchir sur le développement du pays et à conseiller les dirigeants du pays. Il a eu droit à des obsèques nationales le 10 avril dernier.