Lors du vernissage de l'exposition. Photo: VCCA

Au Centre d’art contemporain Vincom (VCCA), à Hanoï, les visiteurs sont invités à changer de regard. Ce que l’on jette, Nguyên Quôc Dân le réinvente. Avec «Materia Renata», l’artiste signe un véritable manifeste visuel: celui d’un monde où les déchets trouvent à une seconde vie.

“Mon approche de l’art est très simple. Bien que formé dans une université classique des beaux-arts, j’ai toujours voulu m’éloigner d’un cadre trop académique. J’aime l’art, je joue avec l’art, je m’en amuse — mais à ma manière. Dès ma première exposition de style anti-cubiste, j’ai revendiqué cette liberté. Ce que je recherche avant tout, ce n’est pas des intérêts économiques, mais une dynamique créative durable. L’art n’est pas un filtre, une sélection. C’est un lien — un lien avec une communauté active, vivante, qui crée, partage et évolue dans une conscience écologique et humaine. Pour moi, c’est là que réside la vraie valeur de ma pratique artistique aujourd’hui”, a partagé Nguyên Quôc Dân.

L’artiste Nguyên Quôc Dân. Photo: VCCA

Dans cette exposition immersive, plus de cinquante œuvres – installations monumentales, sculptures, tableaux – sont créées à partir de matériaux recyclés. Bouteilles plastiques échouées sur les rivages, composants électroniques oubliés, mannequins abandonnés, chutes de tissus issus de l’industrie de la mode… tout est récupéré, transformé, sublimé.

“J’ai choisi de faire de la renaissance des déchets la direction principale de mon parcours artistique, car je ressens une forme de dette envers ces matériaux que l’on oublie trop vite. Ils portent en eux une valeur certaine, mais malheureusement souvent ignorée”, a-t-il ajouté.

Photo: VCCA

«Je ne vois pas des déchets, mais des objets porteurs d’histoire et de valeurs», explique Nguyên Quôc Dân. Ce qu’il appelle lui-même son style “anticubiste” s’exprime dans un langage de formes organiques, de fils électriques colorés et d’assemblages audacieux, loin des structures rigides et uniformes. Un langage qui donne une voix singulière aux rebuts du quotidien.

L’exposition de Dân s’organise en deux volets principaux. Le premier rassemble des œuvres nées de déchets plastiques, rejetés par la mer ou enterrés sous terre.

Photo: VCCA

Le second puise dans les résidus textiles: tissus découpés, teintures chimiques, restes de production. Deux mondes de rebuts, unis par le même souffle créatif. Mais au-delà de l’esthétique, l’enjeu est éthique.

“Les œuvres ne sont pas de simples objets exposés, ce sont elles qui parlent, qui interpellent, qui déclenchent la réflexion. Le spectateur entre en contact avec elles, et c’est à travers ce dialogue silencieux qu’un déclic peut survenir: une prise de conscience sur notre façon de consommer, de jeter, de considérer les matières”, a-t-il souligné.

Photo: VCCA

À travers cette renaissance de la matière, l’artiste nous interroge : et si le véritable recyclage commençait par notre pensée ? L’exposition devient ainsi un appel à la régénération intérieure – de notre conscience environnementale, de nos habitudes de consommation, de notre responsabilité collective. À la sortie de l’exposition, les réactions sont nombreuses et marquées.

"J’ai été profondément émue par la sculpture faite uniquement de bouteilles plastiques. C’est la première fois que je ressens de la tendresse pour un objet que j’aurais normalement jeté sans y penser", a partagé une jeune visiteur.

"Il a lui-même ramassé presque tous les matériaux – les déchets, et je trouve que c’est une action très utile pour l’environnement. Des bouteilles en plastique jetées, des vieux mannequins devenus inutilisables… tout cela peut encore se transformer en œuvres d’art. Je suis donc très impressionné par la manière dont l’artiste redonne vie à ces matériaux", a salué une autre. 

Photo: VCCA

"Chaque recoin, chaque espace de l’exposition a ses propres attraits. En particulier, les œuvres en plastique recyclé m’ont marqué par leur taille imposante. J’ai aussi trouvé très intéressant le fait que l’artiste utilise de la laine rouge et réemploie les matériaux usagés d’un autre artiste pour leur offrir une seconde vie. C’est un concept très fort", a vanté une troisième. 

Une belle découverte entre critique sociale, esthétique brute et spiritualité à faire jusqu’au 7 septembre 2025, au Centre d’art contemporain du Vincom (VCCA), B1-R3 Vincom Mega Mall Royal City, 72A Nguyên Trai, Hanoï. À ne pas manquer!