Imaginez que votre boisson préférée du matin devienne les chaussures que vous portez en sortant de chez vous...
Chaque paire de Rens est conçue grâce à 300 grammes de café et six bouteilles en plastique recyclées. Si on compte le caoutchouc recyclé dans la semelle, les matériaux écologiques représentent jusqu’à 50% des matières premières du produit.
Selon Statista, un portail de statistiques issues d’édudes de marché, le marché mondial des chaussures devrait réaliser un chiffre d’affaires de 115,3 milliards de dollars en 2020 et de 135 milliards de dollars en 2024. Cependant, cette filière très prospère compte parmi les secteurs les plus polluants de l’industrie de la mode, avec 700 millions de m3 de CO2 émis par an.
Khanh Son sont les seuls Asiatiques figurant dans le classement de Forbes des moins de 30 ans, dans la catégorie «entreprise sociale».
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Ainsi, Khanh et Son ont créé leur propre marque de sneakers éco-responsables: Rens original. Leur première levée de fonds a été effectuée en 2019 sur Kickstarter, une grande plate-forme qui aide les startups. Le succès est venu très rapidement. Leur projet a en effet reçu le soutien de l’ONU et de grands entrepreneurs tels que le directeur général d’Unilever. Le duo a alors réussi à lever plus de 450.000 dollars auprès de 5000 personnes venues des quatre coins du monde, 52 jours seulement après le lancement du projet.
Des géants du commerce électronique injectent de l’argent dans Rens
À sa création, Rens ne comptait que trois personnes, dont ses deux cofondateurs. Aujourd’hui, la société réunit 14 jeunes venus de sept pays. Son capital a fortement augmenté avec la participation de grands investisseurs.
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«Je ne peux pas vous révéler le montant du capital social de Rens, mais je peux vous dire que les dernières levées de fonds sont plus importantes que les précédentes et que les nouveaux investisseurs sont plus importants que les anciens», nous dit Khanh. «Parmi eux, le président de Tencent, aux États-Unis, et un responsable de Global Fashion Groupe… Ce sont des géants du commerce électronique. À celà doivent s’ajouter deux fonds de capital-risque basés à Helsinki et à New-York. Le chiffre d’affaires de la société enregistre une croissance mensuelle de 50 à 100%. Celui de juin a même dépassé les 100% car à l’occasion de l’anniversaire de la société, nous avons organisé une grande promotion. De plus, en raison du Covid-19, les gens font davantage d’achats en ligne. Du coup, nous avons vendu dès juin toutes les chaussures fabriquées, bien que le stock soit bien prévu pour aller jusqu’au mois d’août. Nous espérons qu’en 2021, le capital social de la société sera 20 fois supérieur au montant qu’on a levé sur Kickstarter en 2019.»
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Sortis de trois entrepôts situés à Hongkong, en Allemagne et aux États-Unis, les snearkers de Rens sont vendues dans plus de 100 pays. Les marchés les plus dynamiques sont les États-Unis, le Royaume-Uni, la Suisse, l’Australie, le Canada, Singapour… et le Vietnam, qui figure au nombre des 10 marchés les plus importants de Rens.
Khanh et Son visitent une usine de chaussures
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Comment les sneakers de Rens sont-elles fabriquées ?
Les baskets sont conçues par Rens et fabriquées par ses partenaires à l’étranger. Le marc de café est collecté dans des magasins 7-Eleven ou par des ramasseurs d’ordures. Il sera traité pour extraire l’huile, puis moulu avant d’être mélangé avec du polyester tiré de bouteilles en plastique pour obtenir du fil de café-polyester. Celui-ci sera utilisé pour coudre les chaussures.
Pour la première fois dans le monde, il y a des sneakers imperméables faites à base de marc de café.
Pour la première fois dans le monde, il y a des sneakers imperméables faites à base de marc de café. Cette matière écologique permet à nos chaussures de posséder d’excellentes qualités naturelles: anti-eau, anti-odeur et anti-UV», nous fait observer Son.
Les matières utilisées sont écologiques
Beaucoup d’entreprises recourent à de la publiciété eco-responsable. Elles mettent en avant la qualité «Respect de l’environnement» comme un argument pour persuader la clientèle. Rens fait le contraire.
«Des publicités redondantes, comme ça, lassent vite le client. Rens a décidé de faire autrement. Nous voulons attirer le client tout d’abord par des produits beaux, originaux, et dotés de qualités exceptionnelles: imperméables, anti-odeur, anti-UV … Et seulement après, nous mettons en avant le fait que les matières utilisées sont écologiques», nous indique Khanh.
Pas de bras! Pas de chocolat!
Rens est en fait la deuxième start-up de Khanh et Son. Leur première a été un échec.
«En 2016, Son a travaillé pour ma première société “Factory Finder” en tant que développeur web», se souvient Khanh. «C’est une plate-forme qui aide à mettre en relations des designers européens et des usines vietnamiennes et chinoises, dont la production est respecteuse de l’environnement. L’entreprise ne marchait pas et Son est parti travailler pour Zalando, la plus grande boutique de mode européenne en ligne. Un jour, j’ai retrouvé Son et je lui ai proposé une nouvelle idée: fabriquer des sneakers. Son a accepté tout de suite mon invitation car nous sommes des “sneakershead”, des personnes qui sont passionnées par les baskets. Au début, nous voulions nous diriger vers le coton recyclé, mais très vite, nous nous sommes aperçu que ce n’était pas une solution durable. C’est alors que nous avons fait une découverte pour le moins originale en apprenant qu’un fil extrêmement résistant pouvait être fabriqué à base de marc de café, créant ainsi un matériau aux propriétés intéressantes.»
Délocaliser la production au Vietnam: profiter du succès de la lutte contre le covid-19 et de l’EVFTA
Rens travaille aujourd’hui avec une dizaine de fabricants de chaussures vietnamiens pour pouvoir délocaliser une partie de sa production au Vietnam, contribuant ainsi à la croissance des IDE du pays.
«Le Vietnam est devenu une destination sûre et attractive pour les investisseurs étrangers grâce à son succès dans la lutte contre le c=Covid-19. De nombreuses entreprises étrangères souhaitent s’implanter dans le pays. Le gouvernement vietnamien se prépare à ce flux d’investissement, en accordant aux investisseurs des privilèges fiscaux et fonciers intéressants.
Si auparavant, je voulais fabriquer des chaussures au Vietnam simplement parce que je suis Vietnamien, aujourd’hui, les raisons sont multiples...
Si auparavant, je voulais fabriquer des chaussures au Vietnam simplement parce que je suis Vietnamien, aujourd’hui, les raisons sont multiples: la stabilité politique, le dynamisme de l’économie, l’efficacité de la lutte contre l’épidémie et en particulier l’accord de libre-échange Vietnam-UE qui vient d’entrer en vigueur. Cet accord offre de grandes opportunités aux entreprises des deux parties. Entreprise finlandaise, Rens pourra bénéficier de réductions de droits de douane si elle fabrique ses chaussures au Vietnam et les exporte ensuite vers l’Union européenne», nous explique Khanh.
Si tout se passe bien, Rens pourra mettre sur le marché dès 2020 ou début de 2021 ses premières sneakers «Made in Vietnam».
«Pour répondre aux normes de marchés exigeants tels que l’UE ou les États-Unis, la qualité des produits doit être irréprochable», estime Khanh.
Rens original ne fabrique-t-elle que des sneakers à base de marc de café?
Fin 2020, Rens proposera à ses clients de nouvelles baskets et d’autres produits de mode. Tous seront faits à base de matières écologiques.
«Là encore, ce seront des produits totalement inédits. Nous voulons faire une petite surprise à nos clients», ont révélé Khanh et Son.
Chaque réussite commence par un rêve…
«Nous rêvons de voir un jour les gens autour de nous porter des sneakers de Rens. Si Nike et Adidas sont les deux géants de la chaussure sportive, Rens original pourrait devenir le troisième. Mais ce qui nous fait rêver le plus? Que les sneakers soient toutes faites à base de matières respectueuses de l’environnement», nous confient Khanh et Son.
Rens original entend ouvrir son deuxième bureau de représentation, soit à New York soit à Londres, dès cette année.
Trân Bao Khanh a étudié le commerce international et la logistique à l’Université Aalto alors que Chu Hoàng Son est allé à Helsinki pour étudier les systèmes d’information. Le duo a remporté le «Summer of Startups finlandais 2016» avec son projet Factory Finder. Rens Original a gagné le deuxième prix du concours Climate Launchpad Finlande 2018», concours destiné aux startups dans le dommaine de l’innovation environnementale.