A travers la fenêtre de la Vie

Phuong Nguyen
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(VOVworld)- Humans of Hanoi est un projet initié par six jeunes photographes hanoïens. Inspirés par un projet similaire réalisé à New York, ces jeunes de la génération Y ont fouillé pendant six mois, tous les recoins de Hanoi pour prendre une centaine de clichés retraçant la vie quotidienne de ses  habitants. Fruit de leurs efforts et talents, une première exposition intitulée “À travers la fenêtre de la Vie” vient de s’ouvrir à Chula House. 

(VOVworld)- Humans of Hanoi est un projet initié par six jeunes photographes hanoïens. Inspirés par un projet similaire réalisé à New York, ces jeunes de la génération Y ont fouillé pendant six mois, tous les recoins de Hanoi pour prendre une centaine de clichés retraçant la vie quotidienne de ses  habitants. Fruit de leurs efforts et talents, une première exposition intitulée “À travers la fenêtre de la Vie” vient de s’ouvrir à Chula House.

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(Photo: Humans of Hanoi)




Hanoi en plein mois de juin. La ruelle Nhat Chieu bordant le lac de l’Ouest connaît une effervescence inhabituelle. Beaucoup de jeunes sont là pour assister au vernissage de l’exposition “À travers les fenêtres de la Vie” consacrée au groupe Humans of Hanoi.

Debout juste à côté de la porte d’entrée, le leader du groupe, Tran Quang Tuan, reçoit les visiteurs avec entrain. Il leur explique l’objectif de Humans of Hanoi :

« Nous avons eu cette idée il y a quatre mois. Avant le Têt, un ami australien nous avait parlé du projet photographique “Humans of New York”, en nous disant qu’il voulait le réaliser au Vietnam. Nous étions déjà un  groupe de jeunes photographes, et nous avons tout de suite été séduits par cette idée. Nous avons voulu le faire par amour pour la photographie et pour Hanoi. »   

 

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Un vieux monsieur avec son chien (Photo: Humans of Hanoi)

La réalisation a vraiment été une épreuve. Pas facile pour les Vietnamiens de se livrer ainsi à de tous jeunes photographes : le plus âgé n’a que 24 ans.

« Au début, nous ne savions rien du tout, nous dit Tran Quang Tuan. On était 5 ou 6, et on partait ensemble, chacun avec un appareil-photo. Ça a été vraiment drôle, de demander aux étrangers ce qu’ils entendaient par bonheur, par regret. Parfois, pour obtenir une réponse à ces questions, il nous a fallu attendre une journée, voire une semaine. Beaucoup de personnes n’aimaient pas non plus être interrogées par des petits jeunes, comme nous. Mais au bout de deux mois, on a commencé à mieux maîtriser la situation. Les questions étaient les mêmes, mais nous avons changé notre méthode d’approche. Nous leur avons raconté notre propre histoire, et peu à peu, ils nous ont confié les leurs.”

C’est ainsi que les jeunes de Humans of Hanoi ont rassemblé une centaine de photos, accompagnées d’une centaine d’histoires différentes. Leur exposition est une collection de portraits glanés dans les rues de Hanoi, où chaque photo est emballée comme un livre de contes. On peut y retrouver l’image d’un conducteur de cyclo-pousse, d’un garde-barrière, d’un marchand ambulant… Rien de très sophistiqué, rien d’étrange, juste des visages familiers que l’on néglige trop souvent de regarder...   

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Un conducteur de cyclo-pousse (Photo: Humans of Hanoi)

A chaque rencontre sur le terrain, les photographes de Humans of Hanoi étaient surpris par les histoires qu’ils découvraient. Tran Quang Tuan nous a fait part d’un souvenir particulièrement marquant :  

« Une fois je me suis rendu dans un quartier vraiment pauvre, on peut même dire que l’on était dans le trou à rats de Hanoi. C’est le quartier qui se trouve au dessous du pont Long Bien. Là j’ai rencontré une femme qui s’appelait Trinh. Elle venait de Hung Yen. Elle était venue à Hanoi pour trouver un travail. Elle vit dans deux ou trois mètres carrés seulement, et elle a dû faire toutes sortes de boulots pénibles  pour survivre : faire la vaisselle, pousser les charriots de marchandises, faire le ménage...  Mais elle m’a révélé avec fierté que tous ses enfants étaient instruits. L’aîné faisait un master en Russie et les deux plus jeunes étudiaient dans des grandes écoles de Hanoi. Ça m’a beaucoup touché. Sa vie était tellement difficile, mais elle n’avait pas renoncé. Ça m’a beaucoup fait réfléchir... »

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Madame Trinh (Photo: Humans of Hanoi)

Les histoires vécues derrière chaque photo ne touchent pas seulement les visiteurs vietnamiens, mais aussi les étrangers, dont l’Américaine Emily Pulley.

« C’est vraiment fort en émotions. Vous pouvez voir ce que les gens traversent, et cela vous montre un visage différent de ces gens-là. Vous ne pouviez pas imaginer qu’ils aient vécu telle ou telle chose, et quand vous lisez les légendes, vous vous dites que c’est vraiment incroyable !.... »  nous dit-elle. 

Quant à Hoang Thuy Dung, étudiante en première année à l’Université des sciences humaines et sociales, elle se sent naître une vocation de photographe :  

« Après cette exposition, je sens grandir en moi une nouvelle passion, pour la photographie. Je souhaiterais être capable de  prendre des photos aussi belles que celles réalisées par Humans of Hanoi. »

Ce vœu est également celui des photographes de Humans of Hanoi, faire en sorte que ce projet devienne une œuvre commune et que toute la société y participe. Humans of Hanoi ambitionne de rassembler mille photos de Hanoi. A l’ère où le virtuel est omniprésent, où les chats en ligne, les statuts sur Facebook ou Twitter sont plus familiers aux jeunes que les vraies conversations, ce projet qui vous invite à regarder autour de vous, à se parler et à faire connaissance de l’autre, mérite de grands applaudissements. 

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