Photo d'illustration
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La filière
cuir est vraisemblablement celle qui profitera le plus des avantages du CPTPP, car le
Vietnam est l’un des plus importants exportateurs de chaussures et de
maroquinerie des pays signataires. En application des dispositions de cet accord de libre-échange, les entreprises
exportatrices seront exonérées des
droits de douane sous réserve de remplir certaines conditions. Parmi ces
conditions, explique Phan Thi Thanh Xuân, vice-présidente et secrétaire
générale de l’Association des producteurs de chaussures et d’objets de
maroquinerie du Vietnam, l’obligation de l’origine des matières premières pourrait devenir un vrai
défi pour les petites et moyennes entreprises exportatrices vietnamiennes.
“La qualité de nos produits est bonne mais pour
bénéficier de l’exonération des droits de douane, les entreprises vietnamiennes
sont tenues de proposer des produits confectionnés avec 55% de matières
premières locales. Un véritable enjeu pour les PME car leurs capacités de
financement restent faibles et leurs effectifs sont souvent limités”, a-t-elle
dit.
Cet accord soumet également le secteur agricole à
certaines obligations des pays importateurs en matière de sûreté alimentaire. Lê
Thanh Hoà, directeur adjoint du département de la transformation et du
développement du marché agricole du ministère de l’Agriculture et du
Développement rural précise:
“Notre plus grande difficulté est de garantir la qualité
et la sûreté des produits exportés. Le ministère de l’Agriculture et du
Développement rural va établir des normes de qualité plus strictes au niveau de
la culture et de l’élevage”.
De l’avis des économistes, l’entrée en
vigueur de cet accord et donc l’arrivée massive de produits étrangers sur le
territoire risque de soumettre les entreprises vietnamiennes à une concurrence
très vive, même sur le marché
domestique. Pour se préparer à ces nouvelles donnes, Pham Manh Côn, le PDG de
la société ElTex Vietnam estime qu’il est nécessaire d’informer les entreprises
vietnamiennes des dispositions du CPTPP.
“Pour profiter pleinement des avantages
de cet accord, les entreprises comme la nôtre doivent s’y préparer »,
a-t-il dit. « Or, jusqu’à maintenant, nous connaissons peu les
dispositions du CPTPP. A mon avis, il serait utile d’éditer un guide qui
résumerait les conditions et contraintes de l’accord pour aider les entreprises à adapter leur
stratégie de développement en fonction».
Le Vietnam se prépare au CPTPP depuis
une dizaine d’années et a promulgué de nombreuses lois (lois sur l’investissement, sur les entreprises ou sur
l’investissement public) pour adapter son cadre juridique à ces nouveaux
traités. Si de nombreuses mesures ont d’ores et déjà été prises, il convient
d’aller plus loin, comme l’explique l’économiste Nguyên Minh Phong.
“Le Vietnam doit absolument élaborer une stratégie pour profiter
pleinement des retombées du CPTPP », a-t-il souligné. « Cette
stratégie sera soumise à l’approbation
de l’Assemblée nationale. Tous les
ministères, toutes les localités et tous les secteurs doivent se mobiliser dans
cet objectif. Il faut aussi adapter rapidement la législation nationale (la loi
sur le travail ou bien la loi sur les entreprises par exemple) à cet accord de
libre-échange”.
Si le rôle du gouvernement est essentiel dans ce
processus, celui des entreprises l’est tout autant car c’est à elles et à elles
seules que revient la responsabilité de se réformer pour tirer leur épingle du
jeu.