Photo: Ngoc Anh |
La pagode Kh’Leang, qui est très bien conservée, est une architecture khmère traditionnelle, située dans un vaste espace couvert d’arbres séculaires, pour la plupart des rôniers et des frangipaniers. Dans cet espace, il y a aussi une école où l’on enseigne la langue pali du bouddhisme theravada. Le bonze supérieur Tang Nô, qui gère cette pagode, cumule également le poste de président de l’antenne provinciale de l’Eglise bouddhique du Vietnam.
“Notre institution occupe trois hectares, dont deux pour la pagode à proprement parler et un pour l’école de pali. La pagode a été construite en 1532. À l'époque, elle était beaucoup plus petite et rudimentaire, avec un toit en feuilles. Ce n’est qu’après des restaurations qu’elle a pris cette forme de pagode en brique. Kh’Leang signifie en khmer ‘grenier à riz’», fait-il savoir.
La pagode se compose de plusieurs maisons sur pilotis décorées de sculptures et de gravures sophistiquées. Situé au centre de la pagode, le sanctuaire principal est à trois niveaux, entouré d’une clôture aux couleurs éclatantes. La bordure du toit épouse la forme d’un dragon ondulant.
Photo: Ngoc Anh |
Chaque pilier dans le couloir entourant le sanctuaire est porté par une statue de Krud, qui est un oiseau mythique de la culture khmère. À l’intérieur du sanctuaire se trouvent des piliers en bois doré montrant des images de la vie du Bouddha et de la doctrine bouddhique. Au milieu trône une statue du Bouddha assis sur un lotus, le tout ayant une aura fonctionnant à l’électricité. Trân Ron, membre du comité d’administration de la pagode, est tout fier de cette construction.
“Le sanctuaire principal de notre pagode est plus original et plus beau que d’autres. Sur le toit, il y a plusieurs sculptures de dragons et de génies qui protègent le Bouddha. L’autel du Bouddha dans la grande salle est également une merveille. Nous organisons régulièrement des cérémonies au cours desquelles les fidèles font des dons aux pauvres», nous explique-t-il.
Mais si Kh’Leang est une pagode khmère traditionnelle, on y trouve également des motifs de décoration des Hoa, qui sont les Chinois ayant élu domicile au Vietnam, et des Kinh, qui sont majoritaires au pays. Dans cette pagode, la mixité des trois cultures paraît tout à fait naturelle…
Des canons bouddhiques en feuilles. Photo: Ngoc Anh |
Pendant de très longues années, Kh’Leang avait conservé des canons bouddhiques en feuilles, qui ont depuis été confiés à la salle d’exposition de la culture khmère de la province de Soc Trang, où travaille Thach Thi Loan.
“Autrefois, les Khmers gravaient les caractères sur des feuilles de rônier ou de buông, qui est une autre espèce de palmier dont les feuilles sont plus résistantes que celles du rônier. On coupait ces feuilles en morceaux, on les pressait jusqu’à ce qu’elles sèchent avant de les tremper dans l’eau, afin de les protéger des termites. Nous conservons ainsi des feuilles de buông vieilles de plus de 500 ans, qui contiennent des informations diverses telles que la doctrine bouddhiste, l’enseignement général, la médecine, la culture et bien d’autres domaines», nous précise-t-elle.
À l'instar d’autres pagodes khmères du Sud du Vietnam, Kh’Leang est une école pour enfants pendant les vacances d’été. Les bonzes leur apprennent à lire, à écrire, mais aussi à bien se comporter dans la vie, comme nous l’indique Huynh Sa Wath, membre du comité d’administration de la pagode.
«Les enfants du primaire apprennent ici la langue khmère pendant les vacances d’été. Les cours sont donnés gratuitement par nos bonzes. Nous accueillons actuellement trois classes totalisant 30 élèves», nous dit-il.
La pagode Kh’Leang est en outre une destination touristique célèbre, qui accueille chaque jour de nombreux visiteurs. Nguyên Van Thuong est venu de la province de Bac Giang, au nord.
«C’est la première fois que je viens à Soc Trang et cette pagode, Kh’Leang, est vraiment typique de la culture khmère. Elle est grande et très belle. Si j’ai encore l’occasion de visiter Soc Trang, je reviendrai sûrement à cette pagode», nous affirme-t-il.
En plus de sa principale fonction spirituelle, la pagode Kh’Leang est également le lieu d’organisation des plus grandes fêtes khmères, notamment la Chol Chnam Thmay du Nouvel An, la Sen Dolta en l’honneur des ancêtres et la fête Ok Om Bok en l’honneur de la Lune.