(VOVworld)- “Cette jeune fille était comme le printemps. Elle a voué sa vie au combat, elle s’est battue avec conviction, et même la mort n’a pu la faire reculer.” Ce chant résonne dans le coeur de tout Vietnamien qui vient rendre hommage aux soldats morts pour la Patrie au cimetière Hàng Dương, du district insulaire de Con Dao, dans la province méridionale de Ba Ria-Vung Tau. Il y a 60 ans, Võ Thị Sáu, une fille originaire de cette province, fût exécutée par balles, ici, au pied du mont Chua, par des colonialistes Français. Depuis lors, cette Jeanne d’Arc vietnamienne est vénérée tant par la population locale que par l’ensemble de ses compatriotes.

La statue de Vo Thi Sau au cimetière Hang Duong

Les 20 hectares du cimetière Hàng Dương servent de lieu de repos ultime d’une vingtaine de milliers de Vietnamiens. Les tombes se bousculent sur les flancs ondulés de la colline, certaines portent un nom, d’autres restent anonymes. C’est ici que reposent plusieurs héros de la nation comme Lê Hồng Phong, Nguyễn An Ninh, Cao Văn Ngọc… et surtout la légendaire Võ Thị Sáu. Au début, ce sont des prisonniers de Poulo Condor, ce bagne à la triste réputation érigé par les Français sur l’île de Con Dao, et la population locale qui, après avoir apporté, chacun un petit caillou, jour après jour, ont pu bâtir la tombe de la jeune héroïne. Aujourd’hui, on reconstruit cette tombe en marbre, avec une stèle portant ces mots: “Võ Thị Sáu, originaire de Đất Đỏ, province de Ba Ria-Vung Tau, née en 1933 et tombée au champ d’honneur le 23 janvier 1952, à l’âge de 19 ans”. Au moment de son exécution, elle n’avait que deux habits et… un amour immense pour sa Patrie occupée pour laquelle elle avait sacrifié toute sa jeunesse. A 14 ans, elle quitta sa famille pour s’engager dans la révolution. Les colonialistes français l’arrêtèrent et la condamnèrent à mort alors qu’elle n’avait pas encore atteint la majorité. N’osant pas l’exécuter sur le continent, il la conduisirent à Con Dao. Elle fût dès lors la première jeune fille à être fusillée sur l’île. Cette mort héroïque et la légende qui l’a suivie ont fait de Võ Thị Sáu une véritable icône pour les insulaires. Ces derniers la considèrent même comme faisant partie de leur propre famille et lui rendent visite régulièrement au cimetière Hàng Dương pour lui raconter leur vie. Nguyễn Công Lộc qui travaille depuis 32 ans sur le site historique de la prison de Con Dao témoigne: “Où qu’ils soient allés, une fois de retour sur île, les habitants de Con Dao se rendent devant la tombe de Mademoiselle Sau pour brûler 3 bâtonnets d’encens à sa mémoire.”

Depuis sa mort, il y a 60 ans, on n’a jamais vu sa tombe sans fumée d’encens et sans fleurs.

Pour les touristes, qui sont de plus en plus nombreux à Con Dao, le cimetière Hàng Dương en général et la tombe de Võ Thị Sáu en particulier constituent une destination incontournable. Huỳnh Thị Kim Loan, une habitante de l’île, fait savoir: “Les touristes qui viennent à Con Dao ne manquent pas d’offrir de l’encens sur la tombe de Võ Thị Sáu. Malgré son jeune âge, cette héroïne force notre admiration par sa bravoure hors du commun. Elle nous inspire beaucoup, nous faisant réfléchir sur ce que nous devons faire pour être dignes d’elle et d’autres morts pour la Patrie.”

Les insulaires de Con Dao ont l’habitude d’appeler leur héroïne Mademoiselle Sau, avec la plus grande vénération. Depuis sa mort, il y a 60 ans, on n’a jamais vu sa tombe sans fumée d’encens et sans fleurs. Nguyễn Thị Tám, chef adjointe du comité de gestion du site de Con Dao, énonce: “Võ Thị Sáu est tombée au champ d’honneur très jeune. Elle est devenue une légende qui exerce un pouvoir spirituel incontestable sur beaucoup de gens. Ils viennent prier devant sa tombe pour s’attirer le bonheur et la chance pour eux-mêmes et pour leurs familles.”

La vie de Võ Thị Sáu est devenue légendaire depuis que le bateau la transportant accosta l’île en 1952. Quand les Français la conduisirent sur le lieu d’exécution, elle  refusa de se faire bander les yeux. Les derniers instants de sa courte vie, elle les a passés à contempler la mer, le paysage de son pays et à chanter, jusqu’au dernier souffle. La légende dit que les tirs ennemis se sont noyés dans son chant. Aujourd’hui, de nombreuses familles à Con Dao ont installé un autel à sa mémoire. Devenue immortelle, Võ Thị Sáu restera à jamais dans le coeur des insulaires et de tous ses compatriotes.