Le compositeur Trân Viêt Binh. Photo: nbtv.vn |
Eté 1946. Trân Viêt Binh, alors âgé de 13 ans, fait partie de la délégation d’enfants accueillant, au port de Haiphong, le Président Hô Chi Minh de retour de la conférence de Fontainebleau.
Avant que le grand dirigeant ne parte pour Hanoï, les enfants viennent le saluer et lui chanter «Qui aime l’Oncle Hô Chi Minh plus que les enfants?», une chanson de Phong Nha, écrite en 1945. C’est la première fois que cette chanson est interprétée devant le Président lui-même. Elle sera ensuite largement diffusée. Trân Viêt Binh, qui se trouve être le cadet du groupe, s’est vu attribuer l’honneur de s’adresser à l’Oncle Hô.
«Nous étions tous là, croisant les bras. Je dis: ‘Bonjour, notre Oncle! Laissez-nous vous chanter une chanson!’. Puis on s’est mis à chanter. Et lorsqu’est arrivée la phrase ‘Notre Oncle est maintenant vieux, mais il reste toujours aussi jovial. Nous n’avons qu’un souhait, c’est qu’il vive à jamais…’, il nous a caressé les cheveux, les larmes aux yeux. Finalement il nous a félicités d’avoir si bien chanté», nous raconte-t-il.
Cette expérience inoubliable est devenue une source d’encouragement pour Trân Viêt Binh qui a décidé de s’engager en musique et qui, à 87 ans, peut être fier de ses 200 compositions.
En effet, après la rencontre avec le Président Hô Chi Minh, le jeune Binh a participé à la troupe d’enfants de la province septentrionale de Nam Dinh. À l’époque, les émissions de chant pour enfants de La Voix du Vietnam rencontraient un franc succès, et Binh était tout fier d’y contribuer.
«Comme il ne voulait pas que les chansons soient toutes interprétées par la troupe d’enfants de Hanoï, Pham Tuyên, qui était alors chef du service musique de la radio, a proposé aux provinces voisines de créer aussi leurs troupes. Il nous donnait alors, à notre troupe de Nam Dinh, dix chansons à répéter tous les trois mois. A nous de nous mettre d’accord avec les musiciens de la radio sur l’arrangement de chaque chanson. Et au bout de trois mois, nous montions à Hanoï, au 58 rue Quan Su, pour enregistrer avec l’orchestre de la radio», se souvient Trân Viêt Binh.
C’est ainsi que Trân Viêt Binh a démarré en musique. En 1957, Rivière, la première chanson qu’il a écrite a été diffusée à la radio, avec le succès que l’on sait. En 1974, il a été admis à l’Association des musiciens vietnamiens et en 2017, il s’est vu décerner le prix d’État des lettres et des arts. Sa chanson la plus connue reste Le riz de mon village, composée sur le poème éponyme de Trân Dang Khoa.