Une classe spéciale des Dao dans le village de Khe Ca. Photo: VOV

La canicule n’empêche pas une bonne cinquantaine de personnes de se retrouver en classe. Hommes et femmes, tous âges confondus, tous sont venus pour apprendre à lire et à écrire en leur langue maternelle, celle des Dao. En fait, les Dao parlent très bien leur langue mais peu savent l’écrire, même dans ce village, Khe Ca, où ils représentent tout de même 99% de la population.: 

«C’est très instructif. On apprend ici l’écriture Dao, mais aussi les mœurs et coutumes de notre communauté», nous dit Duong Thi Mai, la secrétaire de l’antenne villageoise du Parti communiste vietnamien.

La langue qui est enseignée ici est le Nôm Dao, qui est un système de sinogrammes utilisé pour représenter les transcriptions phonétiques de la langue Dao. Ce système d’écriture comprend 214 ensembles de caractères qui évoluent selon des règles pour la majorité d’entre eux, mais il y en a aussi qui sont irréguliers. Il faut apprendre par cœur tous ces caractères avant de les associer pour composer des mots. Imaginez-vous les difficultés? Elles ne suffisent pas à décourager les élèves qui, la plupart du temps, sont des travailleurs manuels. C’est le cas de Triêu Sinh Luân.

«Nous avons classe les mardis et samedis. Bien qu’occupés par les travaux champêtres, nous sommes tous assidus», assure-t-il.

Les élèves apprennent les lettres ainsi que les coutumes de leur ethnie. Photo : VOV

Après avoir appris à distinguer les caractères, les élèves seront invités à lire les livres qui sont disponibles en classe. Ces livres présentent les rites traditionnels et la façon correcte de les pratiquer dans la vie culturelle et spirituelle des Dao. Triêu Van Vuong est content d’acquérir ces connaissances.                              

«Ces livres décrivent l’identité culturelle des Dao que nous nous devons de préserver. C’est pour cette raison que j’ai décidé de suivre cette classe», fait-il savoir. 

Le maître de la classe, Triêu Quy Tin, est unanimement considéré comme une encyclopédie vivante de la culture Dao. Soucieux des risques de périclitation de cette culture, avec d’autres personnes influentes, il s’est rendu dans chaque famille pour encourager les jeunes à apprendre l’écriture ancienne.

«Depuis l’ouverture de la classe, tous les élèves sont très motivés et assidus. Ils sont ponctuels et je m’en félicite», partage-t-il.

En plus d’éveiller la passion pour la culture traditionnelle chez les Dao, la classe du maître Triêu Quy Tin contribue également à les fédérer dans les travaux communs.