Fin février 2019, la province de Bac Ninh, qui
passe pour être le berceau du quan ho, organisait un festival marquant les dix
ans de l’inscription de ce chant au patrimoine mondial de l’UNESCO. En matière
de préservation et de valorisation du quan ho, tous les engagements pris envers
l’UNESCO ont été honorés, a assuré Nguyên Tu Quynh, président du comité
populaire provincial. Non contente d’assurer la promotion et la transmission du
quan ho, de reconstituer ou de remettre en état nombre d’espaces de
représentation traditionnels, Bac Ninh est l’unique province du pays à proposer
une allocation mensuelle aux maîtres de quan ho considérés comme des trésors
vivants, a-t-il fait valoir.
« Le quan ho a retrouvé ses lettres de
noblesse. Plus qu’un chant, c’est le mode de vie typique de la région du Kinh
Bac dont notre province, Bac Ninh, constitue le noyau. Grâce aux efforts
inlassables de toute la communauté du quan ho, des chercheurs, des
collectionneurs et des artistes, la population prend de plus en plus conscience
des valeurs de ce patrimoine culturel », a
indiqué Nguyên Tu Quynh.
S’il y a 10 ans, la province de Bac Ninh ne
comptait que 49 villages de quan ho et 34 clubs, ce chant est désormais
pratiqué dans 369 villages et 381 clubs regroupant une bonne dizaine de
milliers de membres. Des milliers de personnes sont désormais capables de
transmettre ce chant et tout habitant qui se respecte sait chanter au moins
quelques chansons du répertoire.
La région du Kinh Bac englobe aussi une partie
de la province de Bac Giang. A Huu Nghi, qui est un village rattaché à cette
province, il existe un club de quan ho vieux de plus de vingt ans. Ses membres
sont des deux sexes et pour la plupart âgés de 65 à 80 ans. Dans la vie, ils
sont paysans, commerçants ou enseignants à la retraite. Mais lorsqu’ils
arborent les tuniques multicolores du quan ho, les yeux pétillants et
charmeurs, ils deviennent chanteurs et chanteuses, mettant de côté tous les
tracas du quotidien. C’est le cas des deux sœurs octogénaires Nguyên Thi Mô et
Nguyên Thi Huân.
« Petites, on chantait en imitant les
femmes plus âgées. Et maintenant qu’on est à la retraite, on a le temps de
participer au club. Les paroles anciennes sont plus difficiles à interpréter,
mais bien plus belles que les paroles modernes »,
nous disent-elles.
Trân Van Thê est président du club. Avec sa
femme Nguyên Thi Dân, qui est une maître chanteuse, et d’autres confrères, il a
ouvert des classes pour apprendre le quan ho aux jeunes. A Huu Nghi, plusieurs
enfants ont appris ce chant traditionnel dès la maternelle et certaines
familles comprennent trois ou quatre générations de passionnés, dit avec fierté
Trân Van Thê.
« Les
jeunes adorent le quan ho et ils apprennent vite »,
se réjouit-il. « Mais ils doivent
se perfectionner encore pour pouvoir transmettre le chant aux générations
suivantes ».
Le club de quan ho de Huu Nghi participe
régulièrement à des échanges avec d’autres villages, mais aussi à des festivals
du district, de la province et du pays. Certains maîtres chanteurs ont pu se
produire à l’étranger. Et pas seulement à Huu Nghi : le quan ho est
pratiqué dans au moins 17 autres villages de la province de Bac Giang.