Maître Nguyên Vinh Bao (droite) lors d'une rencontre avec des mélomanes en 2019.
Photo : VOV
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Né dans une famille de lettrés amoureux du don ca tài tu, l’art musical typique du Sud, Nguyên Vinh Bao a été initié très tôt à la musique. A 5 ans, il jouait déjà du kim et du co, qui possèdent chacun deux cordes, et à 10 ans, il maîtrisait bien d’autres instruments de musique traditionnelle. Ce qui ne l’a pas pour autant empêché de jouer de la mandoline, de la guitare, du violon ou encore du piano. A 20 ans, il allait acquérir une certaine notoriété après avoir été enregistré par le studio allemand Keller. En 1950, à l’âge de 32 ans, Nguyên Vinh Bao s’est mis à rénover les instruments du don ca tài tu, en portant le nombre de cordes de la traditionnelle cithare de 16 à 17, à 19, et même à 21…
Surnommé « bijou national », Nguyên Vinh Bao avait des centaines d’élèves, dont sa propre fille Nguyên Thi Thu Anh.
« Il m’a appris aussi bien la musique que la gentillesse et la tolérance. Peu importe la façon dont on nous traite, nous ne rendons que le meilleur de nous-mêmes, c’est ce qu’il nous a toujours dit », se souvient-elle.
La salle d'exposition dédiée à Nguyên Vinh Bảo au musée de Dông Thap
Photo : VOV
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En 2006, Nguyên Vinh Bao était l’un des six musiciens de renommée internationale honorés lors de la Rencontre annuelle de la Société internationale d’ethnomusicologie à Honolulu, aux États-Unis. En 2008, le gouvernement français le promouvait au grade d’officier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Dans le pays, il est le grand maître incontestable des pratiquants du don ca tài tu, et ses contributions ont été saluées par le Premier ministre en personne qui lui a décerné son satisfecit en 2014. Nguyên Thi My Liêm, vice-présidente de l’Association des musiciens de Hô Chi Minh-ville, a été l’une de ses élèves. « Il était intarissable lorsqu’il nous transmettait son savoir sur la musique traditionnelle vietnamienne, en particulier le don ca tài tu et la musique rituelle du Sud. Je suis tellement fière de l’avoir eu comme professeur », dit-elle. « Il plaçait tout son espoir dans ses disciples pour sauvegarder la musique traditionnelle et la transmettre aux générations futures ».
Les élèves de Nguyên Vinh Bao, dont beaucoup sont des musiciens connus et reconnus au Vietnam, mais également en Asie, en Europe et en Amérique, continuent de réaliser son rêve. Même si le maître n’est plus, ils peuvent consulter les livres qu’il a écrits, les enregistrements qu’il a réalisés, les articles qui lui ont été consacrés et l’abondante correspondance qu’il a entretenue avec le professeur Trân Van Khê, qui a été en son temps l’ethnomusicologue vietnamien le plus connu à l’international, et avec ses différents élèves… tout un patrimoine documentaire qui est conservé dans la maison commémorative de Nguyên Vinh Bao, dans l’enceinte du musée de la province de Dông Thap.
« La musique me conduit sur la voie de la vérité. Ni la gloire ni les intérêts ne m’intéressent. Je ne sais que donner ma vie à la musique, jusqu’à mon dernier souffle ». Ces mots du maître centenaire et sa musique résonnent encore et toujours…