Né en 1948, Luu Quang Vu a vécu toute son enfance
à Phu Tho (Nord) avec ses parents. Son père n’était autre que le dramaturge Luu
Quang Thuân. Cette province de moyenne altitude a beaucoup inspiré ses
créations futures.
Manifestant son talent dès son plus jeune âge, Luu
Quang Vu a servi dans l’armée avant d’entamer sa carrière de dramaturge, au
plus fort de la difficile période du rationnement et des tickets. Au moment de
sa mort, à 40 ans, il avait déjà écrit une cinquantaine de pièces qui ont, dans
la quasi-totalité, été montées par les plus grands metteurs en scène de
l’époque, au théâtre parlé comme au théâtre chanté traditionnel. «L’âme de
Truong Ba, la peau du boucher», «Neuvième serment», «Vanité», «Instant et
Eternité», «Tu n’es pas mon père», «Moi et nous», «Croire dans la rose» ou «Sita»…
comptent parmi les pièces qui ont le plus marqué le public. Nguyên Thê Ky,
président de la Voix du Vietnam et du Conseil central de théorie et de critique
des lettres et des arts, a fait de lui une idole.
«En vingt ans de plume, le créatif et persévérant
Luu Quang Vu nous a laissé un grand nombre d’œuvres aussi riches que
diversifiées. Certaines ont survécu et survivront encore à l’épreuve du temps»,
nous dit-il. «Je suis moi-même dramaturge, poète et critique, et je dois vous
dire que j’ai beaucoup appris de lui. Je respecte et suis profondément reconnaissant
envers Luu Quang Vu.»
Ce qui fait l’unanimité dans l’œuvre de Luu Quang
Vu, auprès de la critique comme du grand public, c’est son engagement, sa
vision, sa soif de dialogue et son aspiration au renouveau. Prenant à bras le
corps les problèmes de la vie quotidienne, il s’est distingué par son courage,
son intelligence et sa plume flexible. Ses œuvres ont inspiré ses propres
collègues, les encourageant à innover et à se rapprocher davantage du public,
comme l’indique Nguyên Huu Son, directeur adjoint de l’Institut de littérature
et rédacteur en chef du magazine Études littéraires.
«Pour attirer le public, le dramaturge doit oser
traiter des questions épineuses de l’actualité quotidienne. Luu Quang Vu l’a
fait en s’inspirant non seulement de son époque, mais aussi du répertoire
folklorique et de l’histoire», constate-t-il.
Celle qui a donné des ailes à Luu Quang Vu était
sa femme, la poétesse Xuân Quynh. Née en 1942 à Hà Dông, à l’ouest de Hanoï,
elle était surnommée «la reine de la poésie et de l’amour». Tous ses poèmes
sont en effet marqués du sceau de l’amour, mais pas uniquement l’amour de
couple. Plusieurs sont enseignés à l’école.
Si Luu Quang Vu a reçu à titre posthume le prix Hô
Chi Minh des lettres et des arts en l’an 2000, Xuân Quynh, elle, a eu cet
honneur en 2017. Ils étaient l’unique couple écrivain du pays à avoir obtenu
cette distinction.
Trente ans ont passé mais bien des œuvres de Luu
Quang Vu et de Xuân Quynh restent des références admirées par les
professionnels et prisées par les lecteurs. Ils ont vécu une vie courte mais comblée.
Une belle histoire d’amour et de créativité qui continuera encore d’inspirer…