Phùng Dinh Giap parle des significations des figurines en terre
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Les figurines en terre sont à la fois des jouets d’enfants et des objets de culte. Autrefois, elles ne se vendaient qu’à l’occasion de la fête de la mi-automne et du Nouvel an traditionnel.
Faites de terre argileuse et de papier artisanal, les figurines sont très résistantes, même si elles ne sont pas cuites au four. Derrière la simplicité des formes, se cache un processus de fabrication sophistiqué, que nous détaille Phùng Dinh Giap.
« Ce travail exige une grande minutie et beaucoup de patience », dit-il. « Pour trouver une bonne terre argileuse, il faut creuser jusqu’à 2 mètres et demi ou 3 mètres de profondeur. Cette terre est séchée et conservée jusqu’à la mi-automne. Elle sera alors pilée puis tamisée comme de la farine. Le papier artisanal est imbibé d’eau pendant une semaine, puis mélangé avec de la terre tamisée. On pétrit cette pâte jusqu’à ce qu’elle ne colle plus à la main. Ensuite viennent le modelage et le séchage au soleil, après quoi on enduit les figurines d’une couche de colle mélangée avec de la poudre de coquilles de mollusques. Une couche d’émail recouvre le tout et la peinture vient clore la fabrication ».
Les figurines en terre sont à la fois des jouets d’enfants et des objets de culte. Autrefois, elles ne se vendaient qu’à l’occasion de la fête de la mi-automne et du Nouvel an traditionnel. |
Les couleurs essentielles sont le blanc, le jaune, le vert, le rouge et le noir. Les figurines du plateau d’offrandes de la fête de la mi-automne représentent l’oiseau de la paix, la tortue sacrée de la croyance populaire vietnamienne, le vieux et l’enfant, symbole de la continuité de la tradition. Au milieu de ces quatre figurines, trône celle du Bouddha.
Modernisation oblige, les figurines en terre sombrent dans l’oubli. Le revenu symbolique qu’elles génèrent ne suffit plus à retenir les artisans. Phùng Dinh Giap est une exception. Il continue à fabriquer des figurines et transmet son savoir à ses descendants.
« J’aime beaucoup ce métier artisanal. Chaque fois que mon grand-père fabrique des figurines, je l’observe minutieusement et essaie de l’imiter », nous dit Phùng Khanh Linh, sa petite-fille. « Quand je serai grande, je ferai ce métier et valoriserai cette tradition ».
Une tradition qui peut très bien s’accommoder avec la modernité, puisque la famille de Phùng Dinh Giap propose désormais, outre les figurines habituelles, les douze animaux de l’astrologie chinoise, des poupées, des dinosaures, des voitures ou encore des avions… pour répondre à une demande de plus en plus diversifiée. Lors des vacances d’été, son atelier accueille des touristes et des élèves venus de tous les coins du pays. Phùng Dinh Giap lui-même est souvent invité à présenter son savoir-faire aux musées d’Ethnographie et de la Femme, à Hanoï, ou lors de différentes foires et expositions.
« J’ai appris ce métier de mon père et de mon grand-père. A mon tour, je l’ai appris à mon fils », se félicite Phùng Dinh Giap. « Les figurines ne sont pas seulement des jouets, elles représentent le patrimoine folklorique que nous nous devons de préserver. Il est très important de le faire comprendre aux jeunes ».
Plusieurs jeunes peintres ont contacté Phùng Dinh Giap pour lui proposer de nouveaux modèles. Et pour peu les jeunes s’impliquent, la tradition aura encore de beaux jours devant elle.