Les croyances des populations du littoral vietnamien

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(VOVworld) - Le Vietnam est un pays qui borde le Pacifique et dont l’histoire a toujours été liée à la mer, notamment pour les populations du littoral qui ont dû en affronter tous les caprices.  Pas étonnant, dès lors, que se soient formées des croyances en des génies protecteurs, susceptibles de veiller au sort de celles et ceu


(VOVworld) - Le Vietnam est un pays qui borde le Pacifique et dont l’histoire a toujours été liée à la mer, notamment pour les populations du littoral qui ont dû en affronter tous les caprices.  Pas étonnant, dès lors, que se soient formées des croyances en des génies protecteurs, susceptibles de veiller au sort de celles et ceux qui vivent sous la menace de vagues ou de vents violents. Au fil du temps, ces croyances se sont solidement ancrées dans la vie spirituelle de la population, au point d’en devenir l’un des aspects les plus marquants.

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La fête du seigneur de la mer. (Photo : Internet)

Lorsqu’on évoque la vie spirituelle des populations du littoral vietnamien, on ne peut manquer de mentionner la vénération du seigneur de la mer, c’est à dire de la baleine, du génie de la mer d’Orient. La légende veut que le Bouddha ait été témoin d’un violent typhon et des naufrages qui s’en suivaient. Pris de compassion, il aurait alors jeté un morceau de sa robe sur les eaux. Celui-ci se serait alors métamorphosé en un banc de baleines, lesquelles auraient aussitôt porté secours aux pêcheurs en détresse. C’est ce qui explique que, de nos jours encore, la baleine porte chance, où qu’elle surgisse. C’est aussi ce qui explique que lorsqu’une baleine morte échoue sur un rivage, elle a droit à un véritable enterrement dans une dune, et même à un sanctuaire. Avec le temps, les rites se sont développés au point de devenir de véritables festivités baptisées « fêtes du seigneur de la mer », accompagnées de prières destinées à s’attirer une pêche abondante. Cette croyance fait vraiment partie des traditions spirituelles des Vietnamiens. Elle traduit les liens étroits entre l’homme et la mer. Et attention, on ne trouve rien de semblable en Chine ou au Cambodge, les deux pays dont les littoraux prolongent celui du Vietnam: "La vénération du seigneur de la mer est très répandue sur le littoral du Vietnam", nous explique le professeur Tran Ngoc Them, "en particulier depuis la province de Thanh Hoa jusqu’au Sud. Au Nord, on en trouve des traces, notamment à Quang Ninh, mais avec de petits temples, pas avec de grands sanctuaires. En fait, c’est une croyance qui existe surtout le long des côtes où les baleines peuvent apparaître et où la population vit de la pêche en mer."

La fête du seigneur de la mer se déroule différemment d’une région à une autre, mais souvent, c’est soit au début du printemps, soit à la fin de l’automne, selon que l’on est au début ou à la fin d’une saison de pêche. La fête elle-même comprend toujours 2 parties : les rites et les festivités. Le rite principal est célébré dans les temples ou les sanctuaires dédiés au seigneur de la mer, où sont amenés des effigies du seigneur de la mer, portés en procession: "Ce qui caractérise tous ces rites, c’est un sentiment de gratitude envers le seigneur de la mer qui permet de nourrir des miliers d’êtres humains," nous indique le professeur Huynh Quoc Thang. "Mais il y a aussi des prières adressées au seigneur pour que les traversées soient paisibles et que la pêche soit abondante. Autre aspect à mentionner : c’est une façon d’honorer la mémoire des pêcheurs qui ont péri en mer."

Aucune fête du seigneur de la mer digne de ce nom ne saurait se dérouler sans que l’on y entende de chants « ba trao ». Ce sont des chants traditionnels qui retracent les traversées en mer, depuis l’appareillage, jusqu’à la levée des filets, en passant par les tempêtes et les ouragans.

Après les rites, viennent donc les festivités, avec bon nombre de jeux populaires comme des courses de pirogues, des courses de barques-paniers, des concours de tir à la corde, des danses de la licorne...     

En dehors de la vénération du seigneur de la mer, il existe une autre croyance qui marque profondément la vie des pêcheurs de certains villages côtiers de la province de Thanh Hoa : le génie estropié. Typique de cette croyance est le temple au génie estropié qui se trouve sur le mont Truong Le, dans la province centrale de Thanh Hoa. Ce vieux temple a été construit sous la dynastie des Tran, au 15ème siècle, et a été rénové entièrement sous les Le, au 18ème siècle: "Le genie estropié est un génie qui s’est subdivisé en deux parties, l’une gardant la mer d’Orient et l’autre protégeant le pays pour que la population puisse vaquer tranquillement à ses besognes", nous raconte Phan The Thao, gérant du temple. "Le temple du génie estropié est un lieu où les pêcheurs prient pour que leur sortie en mer soit fructueuse."

Aujourd’hui, le long du littoral vietnamien, presque tous les villages de pêcheurs ont des temples ou des sanctuaires dédiés au seigneur de la mer qui sont autant de témoignages d’une spiritualité intensément vécue.

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