(VOVworld) - Une Hanoï calme ou trépidante, ancienne ou moderne… ça dépend de l’angle de vue de celui qui l’admire. Mais lorsqu’il s’agit d’un photographe de talent, qui en plus d’y être né, a vécu toutes les turpitudes de la ville, ça donne beaucoup d’émotions. Ce photographe s’appelle Nguyen Huu Bao, il est aussi perfectionniste que passionné.
Hanoï a toujours été la principale source d’inspiration de Nguyen Huu Bao, suscitant en lui fougue et tendresse, indignation et tolérance. Pour ne rater aucun aspect de sa ville, il ne se sépare jamais de son appareil photo, ne serait-ce que pour aller chercher une cigarette. « Si jamais il se passe quelque chose, quel regret que de ne pas avoir son appareil sur soi ! », dit-il. Hanoï en lui, c’est le lac de l’Epée restituée et des personnes âgées qui font leur gymnastique matinale, des travailleurs qui font leur sieste à midi, une mère qui profite de sa courte pause au travail pour allaiter son enfant. Hanoï, c’est aussi l’affairement des saisonniers, des inondations soudaines qui envahissent les rues après une pluie torrentielle… Pour Huu Bao, sans ces choses préoccupantes, il n’y aurait plus rien à dire à propos d’Hanoï aujourd’hui.
« Hanoï, je ne la prends pas en photo depuis l’extérieur, mais depuis mon for intérieur. Je la respire. Dès que je sors de chez moi, je prends mon appareil photo. Je n’ai pas de sujets choisis à l’avance, je photographie tout. Ça peut être un coin de mur couvert de mousse, n’importe quoi… pourvu que je m’y reconnaisse. »
Depuis une quarantaine d’années, Nguyen Huu Bao immortalise, en noir et blanc, des coins de rues et des habitants de Hanoï. La pression sur le déclencheur n’est que la dernière étape d’un vécu que le photographe souhaite partager, dit-il. Parfois, on ne ressent quelque chose qu’en un clin d’œil, alors la question est de savoir si le photographe arrive à saisir cet instant si particulier pour lui...
« Lorsque le cœur et l’intelligence se rencontrent au plus haut niveau, le photographe peut donner libre cours à son imagination. Pour moi, la composition et la lumière sont les infrastructures, les moyens pour atteindre la superstructure qui est l’émotion que procure la photo. L’émotion, c’est aussi bien l’amour, la détestation, la joie que la colère. Dans chaque photo, l’émotion est bien plus importante que la beauté. »
Si pour beaucoup, Hanoï est synonyme d’élégance et d’ancienneté, aux yeux de Huu Bao, la ville est l’essence même de la simplicité. Son ami proche, le poète Nguyen Quang Thieu, estime que tout un chacun peut s’identifier aux photos de Huu Bao :
« Huu Bao capte les instants les plus paisibles, les plus tranquilles et les plus éphémères qui constituent Hanoï, une ville qui flotte, qui se cache ça et là et qui soudainement réapparaît, insaisissable, au fin fond d’une ruelle. Comme si certains s’amusaient à cacher les belles maisons de l’ancienne Hanoï et d’autres protégeaient, dans leurs maisons, leurs vieilles mamans du regard indiscret des passants. Hanoï de Huu Bao, c’est une ville chargée d’histoires individuelles. »
La photographie étant l’art d’immortaliser l’instantanéité, chaque œuvre de Huu Bao est comme une page de son journal intime, une partie de sa mémoire qui, une fois partagée avec les autres, contribue à la mémoire collective. Avec ses photos qui sont autant de témoignages du quotidien hanoien, Huu Bao s’inscrit dans la liste restreinte des meilleurs photographes qui dédient leurs œuvres à la capitale millénaire.