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Le spectacle a pour contexte la période allant de 1986 à 2000, marquée par une émancipation de l’individu, mais aussi par l’apparition de la solitude et du sentiment d’être perdu au sein de la société. Le héros de la pièce enchaîne hésitation, impuissance et souffrance... Il regarde son passé, hésite à avancer avant d’accepter finalement de faire face à son existence actuelle pour y trouver de nouvelles valeurs. Nguyên Quôc Hoàng Anh, le directeur musical du projet «Face à l’infini», nous explique son choix des éléments utilisés.
«Nous avons utilisé dans ce spectacle des mouvements très divers, que ce soit des mouvements typiques au théâtre, des mouvements de personnes pratiquant l’aérobic ou des mouvements de foules dans la rue. Quant à la musique, elle a été inspirée des percussions traditionnelles du tuông et des représentations scéniques à vocation spirituelle. Personnellement, j’adore les syncopes qui sont récurrentes dans la musique traditionnelle. Elles créent un espace à la fois mythique et attractif, rappelant au public des souvenirs communautaires et des expériences spirituelles. Cet espace nous invite également à réfléchir sur la façon dont nous communiquons avec la nature et faisons face à l’infini», partage-t-il.
Les artistes ont réussi le pari de donner une touche de modernité au tuông, la forme de théâtre traditionnel la plus académique du Vietnam, en l’interprétant à la manière d’une danse contemporaine. C’est en tout cas l’avis de Trân Ly Ly, directrice par intérim de la performance artistique au ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, qui est par ailleurs une chorégraphe renommée.
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«Toute danse contemporaine doit susciter chez les spectateurs un sentiment de connectivité, entre le passé, le présent et le futur, entre l’ego de chacun et le monde qu’il imagine. Ce qu’il y a de génial, c’est que tout le monde est libre d’imaginer, d’avoir sa propre compréhension d’une œuvre d’art, sans être obligé de suivre telle ou telle orientation», constate-t-elle.
En plus de marier la danse contemporaine et le tuông, le spectacle met également en valeur Vinahouse, une musique électronique ayant des similitudes avec le châu van, musique rituelle des cérémonies du culte des Déesses-mères. Le spectacle se déroule ainsi sur une lumière fantomatique et un fonds sonore constitué de sons de tambour, de cithare, de monocorde et de musique électronique. Dang Ba Tài, un ancien responsable du Théâtre de tuông du Vietnam, apprécie beaucoup la créativité des artistes.
«Je sais que les participants du projet se sont rendus à Phu Mân, un village de la province de Bac Ninh pour observer sa troupe de tuông, qui est très connue. Ils ont choisi de donner une nouvelle jeunesse à cet art traditionnel en y ajoutant des éléments de l’art contemporain qu’ils ont appris du théâtre mondial», note-t-il.
Pendant les trois soirées de représentation, les 2, 3 et 4 août, le comité d’organisation a vendu 1.100 billets, pour la plupart à des personnes dans la tranche 22-35 ans.