(VOVworld) - C’est l’Asie qu’Ashton Carter a choisi pour sa première tournée en tant que secrétaire américain à la Défense. Le chef du Pentagone est attendu en terrain allié puisque c’est au Japon et en République de Corée qu’il doit se rendre, confirmant ainsi un peu plus le tournant asiatique de la politique étrangère américaine.
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Les Etats-Unis entendent bien exercer une influence grandissante en Asie-Pacifique. Il faut dire que le reste de l’Asie ne leur est guère très favorable en ce moment: le djihad fait rage en Irak et en Syrie, le Yemen est plombé par une guerre civile... Dans un tel contexte, Washington doit se garantir de nouvelles bases arrières, et c’est justement l’objet de cette tournée asiatique du chef du Pentagone.
Il faut savoir que, de tout temps, Ashton Carter a été un grand supporter de la politique «rééquilbrage en Asie» voulue par le président Barack Obama. C’était déjà le cas en 2011, alors qu’il était encore sous-secrétaire à la Défense. «Rien ne pourra empêcher les Etats-Unis de se tourner vers l’Asie-Pacifique, c’est à dire vers leur avenir», a-t-il insisté avant son départ pour Tokyo.
S’assurer le soutien de ses alliés
Tokyo, justement. L’essentiel de la mission d’Ashton Carter consistera à actualiser les accords défensifs conclus avec le pays du soleil levant, l’idée étant de procéder à un rééquilibrage en faveur du Japon, lequel est en train de réviser sa Constitution pacifiste pour se donner les coudées franches en matière d’engagement militaire. A noter toutefois qu’aucune décision définitive ne sera prise avant les entretiens prévus en avril à Washington entre le Premier ministre japonais Shinzo Abe et le président américain Barack Obama.
En République de Corée, Ashton Carter devra s’employer à rassurer les dirigeants sud-coréenne quant à la sécurité de la péninsule coréenne.
A noter, enfin, que le chef du Pentagone envisage aussi de visiter le commandement américain du Pacifique basé à Hawaï.
Instaurer un nouvel équilibre stratégique
L’Etat islamique contrôle désormais de larges pans de territoire en Irak et en Syrie. Le Yémen s’enlise dans la guerre civile. Même si un accord-cadre a été trouvé, le dossier iranien reste en suspens. Quant aux relations russo-américaines, compte-tenu notamment de la situation en Ukraine, elles sont au plus bas... Dès lors, la Maison Blanche est obligée de réviser sa stratégie globale sur la sécurité.
Dans la mesure où les soldats américains sont en train de quitter l’Irak et l’Afghanistan, le Pentagone envisage de transférer ses forces vers l’Asie-Pacifique. Le projet piétine toutefois, étant donné la recrudescence de violences dont le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont le théâtre. Cela étant, l’émergence rapide de la Chine dans la région devrait permettre d’accélérer le processus.
L’ambition de Washington est sans équivoque: 60% de la flotte militaire américaine devra être déployée dans le Pacifique d’ici 10 ans, des Philippines jusqu’à l’Australie, en passant par la République de Corée, le Japon et même l’Inde. Mais pour ce faire, les Américains devront tout d’abord s’assurer le soutien de leurs alliés. Or, rien de tel, pour sceller une alliance, que de conclure des accords économiques et commerciaux. C’est exactement ce qu’attend Washington de l’Accord de partenariat transpacfique, destiné tout aussi bien à accroître l’influence des Etat-Unis sur cette région qu’à y concurrencer celle de la Chine et de son cheval de Troie: la banque asiatique d’investissements dans les infrastructures.
Ce déplacement d’Ashton Carter augure donc une nouvelle étape du rééquilibrage vers l’Asie-Pacifique de l’administration de Barack Obama. La géopolitique mondiale pourrait bien s’en trouver profondément modifiée./.