(VOVworld) - Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’est rendu mardi à Saint-Pétersbourg, afin de restaurer ses relations avec la Russie. Une visite qui intervient alors que la situation entre Ankara et les pays occidentaux se détériore.
Photo: AVI
La levée des interdictions de Moscou pesant sur certains produits alimentaires turcs, la reprise des vols charters russes à destination de la Turquie, la relance du projet de gazoduc TurkStream, le dossier syrien, la lutte anti-terroriste... ces questions étaient au centre de la rencontre mardi à Saint-Pétersbourg entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue Vladimir Poutine. « La priorité est de faire revenir la coopération bilatérale au niveau d’avant la crise », a déclaré le chef du Kremlin affirmant qu’il allait lever graduellement ses sanctions contre Ankara. Recep Tayyip Erdogan a, pour sa part, exprimé le souhait que cette rencontre ouvre une « nouvelle étape » dans les relations bilatérales.
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Le temps du dégel
Il s’agit de la première visite à l’étranger du dirigeant turc depuis la tentative de putsch du 15 juillet dernier. Il a préféré rencontrer Vladimir Poutine, pour son soutien sans réserves à la suite du coup d’Etat manqué, plutôt que ses alliés occidentaux. Ceux-ci se sont montrés critiques, en effet, envers la grande purge qu’il a menée depuis, dans l’armée, les tribunaux de justice et le reste de la fonction publique. Recep Tayyip Erdogan a accusé les Occidentaux d’avoir « laissé les Turcs seuls » lors du putsch raté, et même dénoncé un soutien de certains d’entre eux envers ses organisateurs. Or, Vladimir Poutine a été l'un des premiers dirigeants étrangers à téléphoner au dirigeant turc pour condamner le coup.
Le temps est au dégel car il y a plus d’un mois à peine, les relations entre Moscou et Ankara étaient encore très tendues à l’issue de la destruction par l’aviation turque d’un avion militaire russe dans le ciel syrien. De nombreuses mesures de rétorsion ont été prises par les deux parties l’une contre l’autre. Mais, il y a quelques semaines, Recep Tayyip Erdogan s'est excusé auprès de Vladimir Poutine pour cet incident. Il a appelé à "restaurer les relations" entre les deux pays, ce qui a permis ce nouveau rapprochement.
Un rapprochement par intérêts communs
Force est de constater que les points de divergence entre Moscou et Ankara restent nombreux, de leur rivalité en Mer Noire et au Moyen- Orient à leurs divergences concernant les crises syrienne et ukrainienne. Les deux pays ont décidé de laisser de côté leurs différends pour rétablir pleinement une coopération, au niveau économique et commercial en particulier. Pour mémoire, avant la crise récente, ils envisageaient de porter la valeur de leur commerce bilatéral à 100 milliards de dollars. De nombreux contrats d’envergure ont été signés, notamment pour la construction par la Russie de la centrale nucléaire de Akkuyu, en Turquie, ou du gazoduc Turk Stream, dont le cout dépasse 11 milliards d’euros. Ce projet devrait permettre à Moscou d’acheminer 31,5 milliards de metres cubes de gaz par an dans la puissance ottomane via la Mer Noire.
Le réchauffement en cours profitera énormément, aussi, au tourisme turc. Ce secteur, qui représente 4.5% du PIB national, a été lourdement affecté par la désertion des Russes.
Le déplacement du président turc est un signal fort lancé par son pays. Il est vrai que cette réconciliation avec Russie est favorisée par la détérioration des relations d’Ankara avec les puissances occidentales.