Photo d'illustration
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A
partir du premier juillet, l’Union européenne appliquera des droits de douane
supplémentaires sur certains produits américains. Ces taxes additionnelles, généralement à hauteur de 25%,
concernent une série de produits listés par la Commission européenne, d’un
montant de 2,8 milliards d’euros, parmi lesquels figurent notamment les
jeans, le bourbon ou les motos. Mais il faut bien comprendre que rien de
tout cela ne serait arrivé si Washington n’avait pas, au préalable, décidé de
taxer, respectivement à 10% et 25%, les importations d’aluminium et d’acier en
provenance de l’Union européenne, du Canada, du Mexique et de la Chine. Un
point partout, donc, balle au centre…
Oui, sauf
que ce n’est pas de football qu’il s’agit et que c’est l’économie mondiale qui
risque de faire les frais de cette guerre commerciale qui - c’est à craindre -
ne fait que commencer.
Une
escalade…
Revenons
à la genèse de ce conflit larvé. Mars 2018… Premier acte. Les États-Unis
décident donc d’appliquer des droits de douane de 25% sur les importations
d’acier, et 10% sur les importations d’aluminium. Les exportateurs visés ?
L’Union européenne, le Canada, le Mexique et la Chine, qui écopent ainsi du tarif
douanier le plus élevé jamais appliqué depuis 1971.
Le
président Donald Trump, lui, justifie sa décision par la nécessité de veiller à la sécurité nationale et de
protéger les producteurs américains. Mais en agissant comme il le fait, il
provoque un véritable tollé parmi les partenaires commerciaux de
Washington.
Deuxième
acte. Nous sommes le 6 juin. En cette date anniversaire du débarquement des
soldats américains sur le vieux continent, l’Union européenne, non contente d’avoir
porté plainte contre Washington auprès de l’OMC (Organisation mondiale du Commerce), annonce que de nouveaux droits
de douane seront appliqués sur certains produits « made in USA », et
ce à compter du 1er juillet.
A quand
le troisième acte ? Dans la tragédie classique française, c’est celui dans
lequel les protagonistes cherchent une solution au drame, dans lequel tout est
encore possible… Pas sûr, toutefois, que Jean Racine, soit l’auteur de chevet
de Donald Trump…
…
qui risque de coûter cher à l’économie mondiale
Selon
l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), ces
nouvelles taxes instaurées des deux côtés de l’Atlantique risquent de se
traduire par une baisse des échanges commerciaux mondiaux, baisse estimée à
moins 6%. Quant au PIB des pays visés par les États-Unis, celui de l’Union
européenne a fortiori, il devrait diminuer d’au moins 2%.
D’après
de nombreux économistes, le protectionnisme américain aura des répercussions
macro-économiques majeures, les ripostes de l’Union européenne et des autres
partenaires commerciaux des États-Unis ne pouvant qu’engendrer une spirale
infernale. Il est plus que probable que
les coûts de production et les prix des produits finis s’en trouveront
rehaussés, probablement à un rythme suffisamment effréné pour provoquer des
crises politiques. Pour résumer, les tensions actuelles entre les États-Unis et
l’Union européenne risquent de dégénérer en une guerre économique complète de
laquelle personne ne sortira vainqueur. Si cette hypothèse se confirme,
l’inflation explosera aux États-Unis, compte tenu de la dépendance de ce pays
aux importations, et de nombreux agriculteurs perdront leurs emplois. Mais
l’Union européenne en pâtira elle aussi, étant donné que les États-Unis sont
son plus grand partenaire commercial et son plus grand marché à l’exportation.
Qui
plus est, alors que les pays de la zone euro peinent à se restructurer pour
maintenir leur stabilité financière et régler l’épineuse question des migrants,
une hausse des droits de douane imposée par leur plus grand partenaire
commercial ne peut qu’être un coup de frein à leurs efforts de redressement
économique. Reste à espérer que ces fameuses règles du troisième acte refassent
surface. Dans le quatrième, il est déjà trop tard : les personnages n’ont
plus aucune chance d’échapper à leur destin…