Un recul dans les relations russo-américaines

Anh Huyen
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(VOVworld)- L’agence américaine pour le développement international (USAID) a officiellement retiré lundi l’ensemble de son personnel du territoire russe, mettant fin à sa mission de 20 ans dans ce pays. Ce retrait a été réalisé sur demande de Moscou. Washington a tenu à rassurer que la fermeture du bureau de l’USAID n’affecterait pas la communication avec la Russie, mais de l’avis des observateurs, cette décision a bel et bien freiné l’amélioration des relations entre ces deux pays ; des relations qui, de notoriété publique, n’ont jamais été simples.
(VOVworld)- L’agence américaine pour le développement international (USAID) a officiellement retiré lundi l’ensemble de son personnel du territoire russe, mettant fin à sa mission de 20 ans dans ce pays. Ce retrait a été réalisé sur demande de Moscou. Washington a tenu à rassurer que la fermeture du bureau de l’USAID n’affecterait pas la communication avec la Russie, mais de l’avis des observateurs, cette décision a bel et bien freiné l’amélioration des relations entre ces deux pays ; des relations qui, de notoriété publique, n’ont jamais été simples.
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Présente à Moscou depuis 1992, l’USAID a débloqué une aide de 2 milliards 700 millions de dollars

L’USAID a été créée en 1961 par le gouvernement américain. Cette agence a pour mission d'aider à réduire la pauvreté, promouvoir la démocratie et la croissance économique, soulager les victimes des catastrophes naturelles et prévenir les conflits dans une bonne centaine de pays. Présente à Moscou depuis 1992, l’USAID a débloqué une aide de 2 milliards 700 millions de dollars. Au moment de la fermeture du bureau, 60 Russes et 13 Américains y travaillaient. Dans les années 1990, cette agence s’était focalisée sur l’aide à la transition économique russe, d’une économie centralisée contrôlée par l’Etat vers un système de marché libre. Au cours de la dernière décennie, l’aide financière de l’USAID a été multipliée au profit d’organisations des droits de l’homme dans le but de consolider la société civile russe. C’est l’USAID par exemple qui assurait la plupart des financements de Golos, organisation non-gouvernementale russe spécialisée dans l’observation indépendante des élections.

La décision de fermer le bureau de l’agence américaine a été annoncée le 18 septembre par le ministère russe des Affaires Etrangères. L’explication donnée est que cette agence a cherché à influencer le processus politique, les institutions de la société civile et les élections russes à différents échelons au travers d’une répartition de ses aides financières. Moscou affirme que la société civile russe est désormais mature et qu’elle n’a pas besoin d’une direction extérieure. Si l’on s’en réfère à un sondage d’opinion réalisé après la décision du gouvernement russe de mettre fin à l’activité de l’USAID sur son territoire, 75% des personnes interrogées ont approuvée cette décision qu’elles jugeaient bénéfiques, contre 10,5% qui pensaient le contraire. De nombreux observateurs politiques russes qualifient d’ailleurs cette décision d’opportune et de bien fondée.

Evidemment, les Etats-Unis ne sont pas de cet avis. Le département d’Etat a déclaré qu’il regrettait la décision de Moscou d’expulser l’USAID, tout en rejetant l’accusation selon laquelle cette agence se serait ingérée dans la vie politique russe. Le sénateur républicain John McCain a même parlé d’une offense à l’égard de l’administration Barack Obama. Une série d’agences d’information et de grands journaux américains ont, pour leur part, évoqué un recul dans les relations russo-américaines, un coup dûr aux efforts du président Obama de rapprocher les deux pays.

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A la différence de son prédécesseur Medvedev, M.Poutine a toujours maintenu une position ferme vis-à-vis de Washington

En fait, cette décision de fermer le bureau de l’USAID était plutôt prévisible dans le plan de réforme politique envisagé par le président Vladimir Poutine. Avant même le retour de ce dernier au Kremlin, les observateurs internationaux avaient estimé que cette nouvelle présidence marquerait une période fragile dans les relations russo-américaines. Et pour cause, à la différence de son prédécesseur Medvedev, M.Poutine a toujours maintenu une position ferme vis-à-vis de Washington. Durant sa campagne électorale, il a mis en avant l’image d’une Russie menacée par l’Occident, une image que la politique intérieure et extérieure du président élu ne fait qu’illustrer. Aussitôt après son retour au Kremlin, en mai dernier, M.Poutine a tout mis en oeuvre pour repousser les risques d’instabilité nées de la contestation des différentes factions d’opposition dans le pays. A ses yeux, ce mouvement contestataire est alimenté, pour l’essentiel, par des organisations non-gouvernementales internationales. Ainsi, tout en multipliant les mesures de réforme politique et en se déclarant prêt à dialoguer avec l’opposition, le président Poutine a rapidement fait adopter une nouvelle loi qui prévoit des sanctions plus sévères à l’encontre des manifestants et de tous ceux qui dénigrent le gouvernement. Il renforce le contrôle des organisations non-gouvernementales, les obligeant à s’inscrire auprès du ministère des Affaires Etrangères et à remettre leurs rapports d’activités trimestriels aux services compétents. Ces derniers temps, Moscou a maintes fois fustigé certaines organisations étrangères pour avoir secrètement financé l’opposition russe et incité à la violence. Le président Poutine a même pointé du doigt les Etats-Unis, accusés d’avoir fomenté les manifestations contre son gouvernement, l’année dernière, lorsque le parti Russie unie gagnait les élections législatives.

A l’inverse, depuis son entrée à la Maison Blanche, le président Barack Obama a cherché par tous les moyens à relancer les relations avec la Russie ; des efforts qui ont porté des fruits comme la signature du traité de contrôle des armes en 2010. Cependant, les divergences entre les deux pays restent nombreuses, et de taille: de la violence en Syrie au bouclier anti-missile américain en Europe, en passant par le programme nucléaire iranien et le printemps arabe. Et, alors que ces divergences restent insolubles, le rejet catégorique par Moscou de l’USAID présage une nouvelle tempête dans les relations entre les deux grandes puissances.

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