Un grand coup de froid dans les relations Etats Unis-Brésil

Hong Van
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(VOVworld)- La présidente brésilienne Dilma Roussef a annulé mardi la visite d’Etat qu’elle avait prévue aux Etats-Unis en octobre, jetant ainsi un grand coup de froid diplomatique dans les relations entre Brasilia et Washington. Son homologue américain Barack Obama n’avait pourtant pas ménagé sa peine pour se rapprocher de l’une des 2 premières économies d’Amérique.
(VOVworld)- La présidente brésilienne Dilma Roussef a annulé mardi la visite d’Etat qu’elle avait prévue aux Etats-Unis en octobre, jetant ainsi un grand coup de froid diplomatique dans les relations entre Brasilia et Washington. Son homologue américain Barack Obama n’avait pourtant pas ménagé sa peine pour se rapprocher de l’une des 2 premières économies d’Amérique.

Tout a commencé par une affaire d’espionnage impliquant la NSA, l’agence nationale de sécurité américaine. Selon la télévision brésilienne Globo, la NSA aurait intercepté des courriels, des appels téléphoniques et des messages SMS de Dilma Rousseff. Mais elle se serait également livrée à de l’espionnage industriel. C’est Petrobas, le groupe pétrolier national brésilien, qui en aurait fait les frais. Il faut tout de même savoir que Petrobas est le 4ème groupe pétrolier du monde et qu’à lui seul, il dispose de 85 mille employés et brasse un chiffre d’affaire annuel de 120 milliards de dollars. Il semblerait qu’en l’occurrence, ce soit sa réserve pétrolière en Atlantique Sud qui ait suscité la curiosité des Américains.

Face à cette situation inédite, la présidente brésilienne a convoqué une réunion d’urgence au palais de Planalto, réunion à laquelle ont participé plusieurs responsables des ministères de la Défense, de la Justice, de la Communication et des Affaires Etrangères. Egalement convoqué, l’ambassadeur des Etats-Unis a du fournir des explications.

Suite à cette réunion, un communiqué officiel a été publié. Il y est notamment rappelé que le fait de vouloir accéder à des données relatives à ses citoyens, ses entreprises et aux membres de son gouvernement, ou de vouloir intercepter leur correspondance, constitue une atteinte à la souveraineté du Brésil. De son côté, Luiz Alberto Figueiredo Machado, le ministre des Affaires Etrangères, n’a pas hésité à crier au scandale. A noter, enfin, qu’une commission d’enquête chargée spécialement de cette affaire devrait être prochainement mise en place.

Mais le Brésil entend bien ne pas s’en tenir à de simples protestations, aussi fermes soient-elles. Dilma Rousseff vient de prendre un certain nombre de mesures susceptibles de garantir l’indépendance du Brésil, notamment sur Internet. Le Brésil lancera ainsi un satellite de télécommunications en 2016 et installera un réseau de cables optiques sous-marins le reliant directement avec l’Europe et d’autres pays d’Amérique du Sud. Dilma Rousseff a aussi pressé le parlement d’adopter une loi obligeant Facebook, Google et d’autres fournisseurs de services en ligne à archiver les données créées par les brésiliens sur les serveurs installés en territoire brésilien. Ce faisant, elle espère pouvoir briser l’hégémonie américaine sur Internet.    

Faut-il le préciser, cette affaire d’espionnage informatique aura porté un coup dur aux relations américano-brésiliennes, d’autant plus dur qu’il était prévu qu’au cours de sa visite aux Etats-Unis, Dilma Rousseff négocie un contrat d’achat d’avions de combat, un plan de coopération portant sur le pétrole et les technologies bio-énergétiques, ainsi que plusieurs conventions commerciales. Jusqu’à ce jour, les Etats Unis restent l’un des premiers partenaires commerciaux du Brésil. Plus de 59 milliards de dollars… Ce chiffre, qui correspond à la valeur des échanges bilatéraux l’an dernier, en dit long sur l’importance de ce partenariat. De manière générale, les Etats-Unis considèrent le Brésil comme l’un des pays les plus influents de la région, eu égard à son poids économique, mais aussi à son rôle prépondérant en Amérique du Sud et à son rayonnement de plus en plus fort sur la scène internationale.   

Les relations américano-brésiliennes, qui avaient pourtant connu un regain de dynamisme depuis l’investiture de Dilma Rousseff en 2011, se retrouvent aujourd’hui dans une bien mauvaise passe. Et il faudra sans doute bien plus que l’enquête rigoureuse promise par Barack Obama à son homologue, pour qu’elles connaissent une nouvelle embellie./. 

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