(VOVworld)- A peine conclu, c’était le 17 avril, l’accord de Genève sur l’Ukraine tourne déjà au désaccord. Faute de pouvoir s’entendre sur sa mise en œuvre, les différentes parties concernées se livrent à des échanges de critiques et d’accusations. Et pendant ce temps, en Ukraine, la crise s’aggrave.
Réunion quadripartite à Genève entre Russie, Etats-Unis, Europe et Ukraine, jeudi 17 avril. | REUTERS/JIM BOURG
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Les négociations tenues à Genève le week-end dernier ont témoigné d’une volonté sans doute sincère, de la part des parties concernées, de trouver une issue à la crise ukrainienne. Mais pour l’instant, les bonnes intentions affichées restent lettres mortes.
L’accord prévoit notamment le désarmement des groupes armés et l’amnistie pour tous les manifestants ayant occupé des bâtiments publics à l’est de l’Ukraine. Mais pour l’heure, force est de constater que sur le terrain, rien n’a changé et que les modalités de mise en œuvre de l’accord restent à trouver.
Les manifestants séparatistes n’ont pas réussi à s’entendre avec les autorités de Kiev. Les premiers refusent toujours de reconnaître le gouvernement intérimaire dont ils réclament la démission, condition sine qua non, pour eux, à une évacuation des bâtiments occupés. Les seconds viennent, par conséquent, d’ordonner la reprise des opérations militaires qui avaient été suspendues avant l’ouverture des négociations quadripartites à Genève. Pas question, donc, pour Kiev, de retirer ses soldats ou d’organiser un dialogue entre toutes les régions et toutes les forces politiques.
Escalade de la tension
Le président intérimaire ukrainien Olexandr Turchynov a pris cette décision quelques heures seulement après la fin de la visite du vice-président américain Joe Bidden à Kiev. Les Etats-Unis accusent la Russie d’avoir secrètement utilisé son armée pour soutenir les manifestants à l’est de l’Ukraine. Les Américains estiment en effet que la présence de 40 mille soldats russes à la frontière ukrainienne constitue une preuve convaincante du soutien de Moscou aux séparatistes. Il est désormais question de nouvelles sanctions contre la Russie.
De son côté, la Russie se défend de toute intervention militaire en Ukraine, tout en accusant Washington et Kiev de mal interpréter l’accord de Genève. Les Etats-Unis et le gouvernement provisoire ukrainien prétendent en effet que seuls les séparatistes de l’est doivent déposer les armes. Leur complaissance envers les actes provocateurs de groupuscules d’extrème droite nationalistes est également pointée du doigt par Moscou.
Selon Moscou, le régime de Kiev doit tout d’abord faire marche arrière sur le plan militaire, désarmer tous les groupuscules susmentionnés, et procéder ensuite à une vraie réforme constitutionnelle en prenant en compte les intérêts de tous les habitants du pays. Il est regrettable que le président intérimaire ukrainien ait récemment ordonné la reprise des activités militaires à l’est du pays et que les Etats-Unis aient envoyé un nouveau frégate dans la mer Noire, a estimé la Russie, qui voit dans la visite de Joe Bidden à Kiev un signe supplémentaire que ce sont bien les Américains qui tirent toutes les ficelles et que c’est à eux, par conséquent, d’endosser la responsabilité de la crise actuelle.
Un accord de paix en sursis
Ces échanges d’accusations ont poussé l’accord quadripartite de Genève à l’impasse. Les parties signataires font preuve de bien peu de patience dans sa mise en œuvre, pourtant délicate et urgente. En Ukraine, l’heure n’est clairement pas au dialogue. Quant aux Russes et aux Américains, ils ne font que jeter de l’huile sur le feu, au risque d’allumer un brasier aux conséquences imprévisibles./.