Le président vénézuélien Nicolas Maduro. Photo: AFP/VNA |
Tout a commencé le 30 juillet dernier quand les électeurs vénézuéliens ont élu l’Assemblée nationale constituante, l’organe en charge d’amender la Constitution de 1999 pour aider le pays à surmonter sa crise politique. Malgré la protestation de l’opposition, le président Nicolas Maduro a reconnu les pouvoirs de la nouvelle assemblée, compte tenu de ce que plus de 8 millions d’électeurs avaient voté (41,5% de la population), soit 15% de plus que le seuil minimum fixé par la Constitution. Pour le chef de l’Etat vénézuélien, la création de cette Assemblée nationale constituante est la seule façon de remettre de l’ordre dans le pays perturbé depuis des mois par des manifestations de l’opposition.
Instabilité à l’intérieur
L’opposition conteste les résultats de ces élections législatives, estimant qu’à peine 12% des électeurs auraient voté. Le gouverneur de l’Etat de Miranda, Henrique Capriles, le leader de l’opposition qui avait boycotté les élections et refusé de présenter des candidats, a appelé ses partisans à descendre dans la rue pour protester. La crise économique que le pays connaît depuis des années aggrave les tensions politiques. De 2013 à 2017, le PIB du Venezuela a chuté de 40% et ses recettes de 51%. Pour endiguer l’inflation qui s’élève à 720%, le président Nicolas Maduro avait triplé le SMIC en 2017, ce qui a engendré une dévaluation du bolivar, la monnaie nationale, de 1000%. 82% de la population vénézuélienne vivent dans la misère.
En janvier 2016 et pour la première fois depuis 18 ans, l’opposition s’est retrouvée majoritaire à l’Assemblée nationale. Le pays s’enlise dans la crise politique. L’escalade de la violence causée par l’opposition depuis près de quatre mois a fait plus de 100 morts.
Tensions dans les relations avec certains pays d’Amérique latine
Le 8 août, le gouvernement péruvien a convoqué une conférence extraordinaire pour discuter de la crise au Venezuela. A l’issue de cet évènement qui réunissait les chefs de la diplomatie de 17 pays d’Amérique latine, a été adoptée la «Déclaration de Lima», qui conteste la légitimité de l’Assemblée nationale constituante du Venezuela. Le même jour, le ministre péruvien des Affaires étrangères, Ricardo Luna, a refusé de participer au sommet de la Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes proposé par le président vénézuélien.
Saul Ortega, membre de l’Assemblée nationale constituante du Venezuela, a rejeté la Déclaration de Lima, la considérant comme une ingérence dans les affaires intérieures de son pays. Il a aussi critiqué le Marché commun du Sud (Mercosur, communauté économique regroupant plusieurs pays de l’Amérique du Sud) qui a suspendu la participation du Venezuela au sein de la communauté. Les tensions entre Caracas et Lima se sont accentuées quand le Pérou a expulsé l’ambassadeur du Venezuela.
Protestation contre la menace d’intervention de la part de Washington
Le 11 août, le président américain a déclaré devant des journalistes: “Nous avons de nombreuses options pour le Venezuela, y compris une possible option militaire si nécessaire.” En réponse, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Jorge Arreaza, a indiqué que cette “menace téméraire” avait pour but d’entraîner l’Amérique latine et les Caraïbes dans un conflit, causant l’instabilité dans la région. La perspective d’une intervention militaire américaine dans la région inquiète de nombreux pays latino américains, y compris ceux qui ont ouvertement critiqué le président vénézuélien. Le Pérou affirme que la menace du président américain est contraire aux principes de l’ONU. Le ministre mexicain des Affaires étrangères, Luis Videgaray, estime que la crise vénézuélienne ne pourra se régler par une intervention militaire, qu’elle soit intérieure ou extérieure. Les gouvernements cubain, bolivien, équatorien et nicaraguayen ont tous affirmé leur solidarité avec le Venezuela.
Les Vénézuéliens cherchent à surmonter leur crise économique et politique. Les divergences internes et avec les pays voisins sont des obstacles à ce processus. Les Vénézuéliens souhaitent que le gouvernement du président Nicolas Maduro trouve une issue à cette crise pour que le pays regagne sa position en Amérique latine.