c(VOVworld) - Les relations entre Kiev et Moscou semblaient un peu apaisées après l’élection de Petro Porochenko à la présidence de l’Ukraine. Mais l’accalmie aura été de très courte durée et le regain de tension auquel on assiste ces jours-ci fait craindre l’imminence d’un conflit majeur entre les deux pays.

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La Russie a jeté de l’huile sur le feu en présentant mardi 17 juin à l’ONU un  nouveau projet de résolution sur l'Ukraine exigeant l’arrêt immédiat de la violence dans l’est du pays, l’établissement d’un cessez-le-feu préalable au dialogue, et l’ouverture d’une enquête sur la mort de deux journalistes russes.

En réponse, le parlement ukranien a adopté une résolution visant à renforcer le contrôle de la frontière de l’est avec la Russie. Pendant un mois, la garde-frontière ukrainienne verra son effectif augmenter considérablement pour contrôler plus strictement cette frontière, y compris dans des zones sans conflit militaire. Par ailleurs, les organismes compétents devront préparer tous les documents nécessaires à la délimitation unilatérale des frontières avec la Russie. Mais Kiev étudie aussi la possiblité d’interdire la diffusion de 4 chaines de télévisions russes supplémentaires, ce qui porterait ainsi à 8 le nombre de chaînes interdites. Le président ukrainien Petro Poroshenko a aussi interdit tous les projets de coopération dans l’industrie de la défense avec la Russie.

Des relations de plus en plus crispées

En interrompant ses livraisons de gaz à l’Ukraine, la Russie a fait monter la tension en flèche. A cela, s’ajoute le fait que l’ambassade de Russie à Kiev a été attaquée. La Russie a aussitôt dénoncé l'inaction des autorités ukrainiennes, accusant celles-ci de bafouer ainsi leurs engagements internationaux. Mais ce n’est pas tout. Le ministre ukrainien des Affaires Etrangères Andrii Deshchytsia, aujourd’hui limogé, s'est laissé aller à insulter le président russe Vladimir Poutine lors d'une manifestation devant l'ambassade de Russie à  Kiev, déclenchant une immense vague de protestation en Russie.     

Un vrai cessez-le-feu ?

Mercredi, le président ukrainien Petro Poroshenko a ordonné un cessez-le-feu unilatéral dans le sud-est de l’Ukraine, tout en précisant que la mesure était temporaire et qu’elle constituait la première étape d’un plan de paix. Petro Poroshenko s’est déclaré prêt à faire de nouvelles concessions aux insurgés, dont une révision totale de la Constitution pour donner plus de pouvoirs aux autorités locales. Il s’est par ailleurs engagé à rendre public son plan de paix en 14 points, un plan destiné, avant tout, à amorcer un processus de désescalade.  

Selon les analystes, ce cessez-le-feu n’est qu’une manière de gagner du temps. Il ne prévoit pas de dialogues. Il s’agit tout simplement d’appeler les groupes armés à déposer leurs armes et à quitter l’Ukraine. Pour les séparatistes, les propositions du président ukrainien sont vides de sens. La Russie, elle aussi, se montre sceptique quant à ce cessez-le-feu, dont elle s’étonne qu’il soit temporaire et exempt de toute proposition de reprise du dialogue. Autant dire que la désescalade n’est pas pour demain et que Petro Poroshenko aura bien du mal à convaincre du bien-fondé de son plan de paix et de la sincérité de ses intentions. Et ce. d’autant plus que l’armée ukrainienne a publiquement fait part de l’achat de mille blindés supplémentaires pour renforcer les opérations dans l’est du pays, et de la création prochaine d’une unité spéciale destinée à répondre aux atteintes à la sécurité nationale. De son côté, le ministre russe de la Défense Sergei Shoigu a déclaré que la Russie se tenait prête à faire face à de nouvelles évolutions en Ukraine… 

Jusqu’où ira cette escalade ? Nul ne saurait le dire. Mais il est évident que les esprits sont chauffés à blanc et que l’Ukraine devient une véritable poudrière, susceptible d’exploser à n’importe quel moment.