Photo: THX/TTXVN
|
Dans son discours
prononcé le 8 mai, Donald Trump a réaffirmé que l’accord de 2015 signé par le
gouvernement de son prédécesseur, l’Iran, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni,
la Russie et la Chine, est un accord “désastreux qui n’a pas apporté la paix et
ne l’apportera jamais”. Selon le chef de la Maison Blanche, cet accord a également
permis à l’Iran de continuer à enrichir l’uranium et d’atteindre la capacité à
produire l’arme nucléaire.
Risque de crise au Moyen-Orient
Quand il était
encore candidat à la Maison Blanche et après qu’il en est devenu son chef,
Donald Trump a toujours affirmé que cet accord ne faisait que retarder la
possibilité de l’Iran de fabriquer des armes nucléaires. La décision prise ce
mardi n’était donc pas une grande surprise pour la communauté internationale
qui déplore toutefois cet accord âprement obtenu après 12 années de
négociations.
Le président
américain a accusé l’Iran de poursuivre son programme nucléaire et s’est servi
de cet argument pour justifier le retrait de son pays de cet accord. "Nous allons mettre
en place le niveau le plus élevé de sanctions économiques possible" contre
Téhéran, a renchéri Donald Trump. Ces nouvelles sanctions pourraient interdire
à l’Iran d’exporter son pétrole alors qu’il est le troisième membre de
l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et approvisionne
quotidiennement en brut les besoins mondiaux à hauteur de 4%.
Cette décision profitera
sans doute aux pays s’opposant à l’Iran au Moyen-Orient. Le Premier
ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a déclaré «soutenir totalement» la décision «courageuse» de Donald Trump, laquelle a également été saluée par
l’Arabie saoudite.
Ce retrait pourrait
pousser le Moyen-Orient dans une nouvelle crise alors même que le conflit en
Syrie est loin d’être terminé et que la confrontation entre l’Iran, Israël et
les pays arabes est omniprésente. Le pire scénario serait une guerre avec
l’Iran. En effet, l’accord de Vienne
permettait à Téhéran d’améliorer son économie en difficulté. A défaut de voir
ses intérêts garantis, l’Iran s’est dit prêt à renouer avec ses activités
nucléaires.
Le prestige des Etats-Unis mis à mal et divergences avec
l’Union européenne
On ignore pour
l’instant les intérêts réels du retrait de Washington de l’accord de Vienne.
Dans l’immédiat, il ébranle le prestige des Etats-Unis dans le monde entier et
les engagements internationaux pris par les Etats-Unis deviennent sujets à
caution alors que le sommet Etats-Unis-République populaire démocratique de
Corée aura lieu prochainement.
Pour les alliés
occidentaux, ce retrait est synonyme d’isolement des Etats-Unis. Malgré la
décision de Washington, l’Union européenne souhaite maintenir l’accord qu’elle
considère comme un facteur essentiel pour garantir la sécurité de l’Europe et
du monde.
Les nouvelles
sanctions prises par Donald Trump touchent les intérêts européens et les
entreprises européennes ayant investi massivement en Iran ces dernières années.
L’Union européenne a donc décidé de prendre des mesures pour défendre ses
intérêts économiques. Si Donald Trump a poussé les Etats-Unis et l’Union
européenne à une confrontation, sa décision risque aussi d’aggraver la tension
entre son pays, la Russie et la Chine, deux membres du groupe P5+1 qui
soutiennent cet accord.
Même si Donald
Trump a évoqué sa volonté de “bâtir un nouvel accord durable” sur le nucléaire
iranien avec ses alliés qui permettrait de “bloquer ses activités malveillantes
dans le Moyen-Orient”, cette hypothèse reste très vague.
Le monde s’est
réjoui en 2015 de la signature de l’accord de Vienne qui préfigurait un monde
sans arme nucléaire. Aujourd’hui, avec le retrait des Etats-Unis, cet accord
est plus précaire que jamais.