Pyongyang sous le poids de nouvelles sanctions

Anh Huyen
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(VOVWORLD) - Depuis plus d’un mois, la République populaire démocratique de Corée se voit infliger une série de sanctions internationales toujours plus sévères les unes que les autres. Même la Chine, son principal partenaire commercial, a décidé de durcir le ton face à ses ambitions nucléaires. Mais celles-ci se laisseront-elles contenir?
Pyongyang sous le poids de nouvelles sanctions - ảnh 1Un nouvel essai nucléaire de la RPDC - Photo EPA/TTXVN

Le 11 septembre 2017, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte à l’unanimité de ses 15 membres un nouveau train de sanctions à l’encontre de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui a effectué un nouvel essai nucléaire le 3 septembre. Il s’agit du neuvième train de sanctions onusiennes depuis 2006 et du deuxième cette année, avec des clauses plus draconiennes que jamais, censées asphyxier les secteurs phares de l’économie nord-coréenne, a fortiori le textile, le pétrole et l’énergie. Le manque à gagner pour Pyongyang pourrait ainsi s’élever à 1,3 milliard de dollars par an.

Un message plus fort

Après le Conseil de sécurité de l’ONU, c’est au tour des Etats-Unis de publier un décret accentuant les sanctions sur la RPDC, élargissant la liste noire des personnes et des entités commerçant avec ce pays. Pour la première fois, la Chine leur a emboîté le pas, en interdisant l’importation des produits textiles et des produits de la pêche nord-coréens ainsi que l’exportation, vers ce pays, de certains produits pétroliers, de minerai de fer et de charbon. De l’avis des observateurs, cette interdiction chinoise qui frappe les produits textiles sera un coup dur pour l’économie nord-coréenne. En 2016, ce pays avait en effet engrangé plus de 750 millions de dollars grâce à l’exportation de ses produits textiles, dont 80% étaient destinés à la Chine. Les banquiers chinois se sont aussi impliqués dans les efforts internationaux pour faire revenir à la raison Pyongyang, les filiales de trois grandes banques chinoises situées à Yanji, ville frontalière avec la RPDC refusant désormais d’ouvrir des comptes ou d’effectuer des transactions pour les ressortissants nord-coréens.

Le signal envoyé par Pékin à Pyongyang est devenu plus clair que jamais et les Etats-Unis s’en félicitent, eux qui ont toujours reproché à Pékin son manque de rigueur vis-à-vis de son voisin troublant. En effet, avec les précédentes sanctions, même si Pékin avait limité ses importations en provenance de la RPDC, ses exportations, elles, avaient augmenté de 30% au cours du premier semestre de cette année, et la valeur du commerce bilatéral, de 10%, dépassant les 2,6 milliards de dollars.

Des répercussions directes

Les sanctions internationales les plus sévères jamais appliquées impactent directement la vie des habitants le long de la frontière sino-coréenne. A Hunchun, du côté de la Chine, des manifestations ont éclaté, des dizaines de magasins ont dû fermer leurs portes, au grand dam des sociétés d’emballage et de distribution, mais aussi des chauffeurs et des restaurateurs. Les villes du Sud-Est de la Chine, qui souffraient déjà de la dégringolade des industries lourdes telles que l’aciérie ou l’exploitation minière, deviennent aujourd’hui elles aussi victimes des sanctions visant à isoler la RPDC. Dans une zone industrielle de Shenyang, de nombreuses usines sont fermées, les ouvriers s’assoient au bord des trottoirs, brandissant des panneaux à la recherche d’emploi. «La Chine a beaucoup sacrifié et a dû payer trop cher» pour se conformer aux sanctions onusiennes visant la RPDC, s’est exclamée ce mois-ci la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.

Les sanctions sont-elles la solution optimale?

Manifestement et jusqu’à ce jour, les neuf trains de sanctions onusiennes imposées à la RPDC depuis 2006 n’ont pas eu d’impacts considérables sur l’économie de ce pays. Aux yeux de nombreux analystes, la pression internationale n’est que provisoire. Pour la Chine, le maintien de la stabilité dans le Sud-Est demeure extrêmement important et ce présent durcissement de ton à l’égard du voisin entêté n’est qu’une illustration du proverbe «chien qui aboie ne mord pas». Plus que quiconque, Pékin sait quel sera le prix de ces sanctions sur sa propre économie et à quel point l’instabilité de la péninsule coréenne profite à l’expansion de l’influence américaine sur les pays limitrophes. Cela étant, dans la mesure où Pékin souhaite améliorer ses relations avec Washington tout en réglant ses affaires intérieures, participer à l’effort international est la moindre des choses. Quant aux Etats-Unis, que pensent-ils des sanctions internationales? «Ce n’est pas notre solution prioritaire», a souligné le président Donald Trump.

Malgré les sanctions, la République populaire démocratique de Corée poursuit toujours ses programmes nucléaires et balistiques. La crise perdure.

La communauté internationale l’aura compris, les sanctions doivent s’accompagner de négociations vraiment stratégiques. Oui, mais… Les conditions ne sont pas encore réunies pour la tenue de ces discussions.

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