Les deux Corées, qui restent de facto en guerre, se sont mises d’accord, le 17 janvier dernier, sur un certain nombre de mesures symboliques, censées marquer leur participation à ces Jeux olympiques d’hiver 2018. Leurs délégations respectives défileront sous une bannière commune, lors des cérémonies d’ouverture et de clôture des JO. Si ce défilé commun n’est pas nouveau - cela s’était déjà produit aux JO d’été 2000 et 2004, ainsi qu’aux JO d’hiver 2006 - la constitution d’une sélection intercoréenne en hockey sur glace est, en revanche, une grande première.
Un rapprochement olympique ?
Ça y est ! La délégation nord-coréenne (280 membres) est arrivée, conduite par Kim Il-guk, le ministre des Sports de la République Populaire Démocratique de Corée (RPDC). Mais c’est Kim Yong-nam, le président du présidium de l'Assemblée populaire suprême, qui a été désigné pour en être le chef. Il est attendu vendredi, en République de Corée, de même que Kim Yo-jong, la sœur cadette du dirigeant Kim Jong-un, qui est la vice-présidente du service de la communication du Parti du Travail, le parti au pouvoir à Pyongyang.
La venue de ces hauts responsables nord-coréens a été saluée par Séoul qui veut y voir, outre la garantie que ces JO de Pyeongchang pourront se dérouler dans de bonnes conditions, un signe d’ouverture et de bonne volonté.
Sans doute désireux de battre le fer pendant qu’il est encore chaud, le ministère sud- coréen de l’Unification a annoncé la tenue d’un dialogue intercoréen pendant les JO. Quant au président Moon Jae-in, il n’exclut pas de rencontrer Kim Yong-nam.
Même les Etats-Unis ne semblent pas hostiles à une rencontre avec la RPDC à l’occasion de ces JO d’hiver. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre le secrétaire d’Etat Rex Tillerson, qui a été interrogé cette semaine sur l'éventualité d'une entrevue entre le vice-président américain Mike Pence et des officiels nord-coréens.
Le fossé reste entier
De là à crier au miracle, il n’y a qu’un pas qu’aucun analyste sérieux se risquerait à franchir, la question du nucléaire restant des plus préoccupantes qui soient. Le vice-président américain Mike Pence l’a d’ailleurs annoncé mercredi à Tokyo : Washington prépare de nouvelles sanctions économiques, « les plus dures » jamais prises à l’encontre de la République populaire démocratique de Corée. L’objectif reste le même: pousser Pyongyang à renoncer à son programme de développement nucléaire et balistique.
A Pyongyang aussi, l’heure n’est pas forcément à la détente. Témoin ce défilé militaire organisé ce jeudi, à la veille, donc, de la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques. A noter, d’ailleurs, que le défilé en question, qui correspond au 70ème anniversaire de la création de l’armée, a délibérément été organisé ce 8 février, alors qu’il aurait dû avoir lieu le 25 avril. Symbole pour symbole, celui-ci a en tout le cas le mérite d’être sans équivoque, comme l’a été le ministère nord-coréen des Affaires étrangères, qui a catégoriquement exclu l’hypothèse d’une rencontre avec des représentants américains au cours des JO.
Le sport peut faire des miracles, entend-on fréquemment… Force est de reconnaître qu’en l’occurrence, il y aura eu à tout le moins une main tendue, celle de Kim Jong-un, qui a été le premier à évoquer l’éventualité d’une participation de son pays aux jeux... Pour autant, la dénucléarisation de la péninsule coréenne n’est pas encore à l’ordre du jour, trêve olympique ou non.