Les grandes économies, moteurs d’une croissance…
Photo d'illustration: AVI |
Dans ce nouveau rapport, l’ONU relève ses prévisions de croissance mondiale à 2,7% pour 2024 (plus 0,3 point par rapport à janvier), puis à 2,8% pour 2025. Le fait est que certaines grandes économies et certaines économies émergentes ont enregistré une croissance plus importante que prévu ces derniers mois, et que l’économie mondiale dans son ensemble s’en trouve comme rassérénée. C’est en tout cas en ces termes que Shantanu Mukherjee, le directeur du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, analyse la situation.
Toujours d’après l’ONU, les États-Unis, qui restent la plus grande économie du monde, devraient maintenir une croissance de 2,3%, cette année. Quant à la Chine, la deuxième économie du monde, l’ONU lui prédit une croissance de 4,6% en 2024: plus 0,1 point par rapport à janvier. Du côté des économies émergentes telles que le Brésil, l’Inde et la Russie, là aussi, on note un mieux. Il n’en va pas de même, en revanche, pour l’Union européenne, pour laquelle l’ONU prévoit une croissance de 1% cette année, soit moins 0,2 point par rapport à janvier.
Mais c’est surtout l’Afrique qui cristallise le pessimisme des économistes de l’ONU, qui notent qu’une bonne vingtaine de pays présentent un risque de surendettement et que la croissance commence à marquer le pas dans certaines des grandes économies du continent, à savoir l’Égypte, le Nigéria ou encore l’Afrique du Sud. Shantanu Mukherjee est d’ailleurs le premier à mettre des bémols à la clé lorsqu’il évoque le continent noir…
«Nombreux sont les pays en développement pour lesquels l’optimisme n’est pas de mise… Et il ne faut pas se fier aux apparences: même si les prévisions tournent autour de 3,3 % cette année, on est bien loin du niveau d’avant la pandémie. C’est notamment le cas des pays africains et des pays les moins avancés… », nous explique-t-il.
Pour l’ONU, c’est le déclin, palpable depuis 2021, de l’investissement et du commerce, qui est responsable de ces perspectives peu encourageantes pour ne pas dire moroses. Au niveau mondial, la croissance de l’investissement ne devrait atteindre que 2,8 % cette année, alors qu’elle était encore de 3,7 % en 2023 et de 5,1% en 2022... La croissance du commerce mondial reste également faible. Le chiffre d’affaires du commerce des marchandises n’a cessé de diminuer depuis la mi-2022. La hausse du dollar américain est devenue un fardeau pour les activités d’importation, en particulier dans les pays en développement. On note d’ailleurs que les transactions commerciales Sud-Sud ont diminué de 7% en 2023, ce qui affecte de nombreux pays en développement dont la productivité dépend fortement des matières premières importées.
… encore trop fragile
La hausse prolongée des taux d’intérêt dans de nombreuses grandes économies, les créances douteuses et la situation géopolitique pour le moins incertaine fragilisent forcément les perspectives de croissance économique. Il en va de même pour les impacts croissants du changement climatique, qui pourraient bien effacer des décennies de progrès en matière de développement, notamment pour les pays les moins avancés et les petits États insulaires.
Shantanu Mukherjee, le directeur du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies. Photo: un.org |
Il devient plus que jamais urgent d’enclencher une transition énergétique équitable à l’échelle mondiale, tout en veillant à aider les pays les moins avancés mais riches en ressources naturelles en Afrique et en Amérique du Sud. C’est en tout cas ce que préconise Shantanu Mukherjee…
«Dans ce rapport, nous avons soulevé deux questions très importantes, qui sont étroitement liées. La première est celle des matières premières nécessaires à la transition énergétique: comment en assurer la production et la répartition… La deuxième concerne les pays qui détiennent ces matières premières: comment peuvent-ils les intégrer à leurs objectifs de développement durable…», nous dit-il.
Autre point soulevé par le rapport onusien: l’évolution rapide des technologies, en particulier de l’intelligence artificielle, qui risque fort d’élargir le fossé technologique entre les économies développées et le reste du monde.