À l'intérieur de la centrale nucléaire iranienne de Boucheh. Photo: Reuters |
Le 9 novembre, dans un entretien accordé à Independent, l’ambassadeur iranien à Londres, Hamid Baeidinejad, a fait savoir que des personnalités influentes en Iran plaidaient en faveur du retrait du pays du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) en réponse au désengagement des signataires européens de l’accord nucléaire et aux sanctions paralysantes imposées par l'administration Trump. Le lendemain, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Mousavi, a affirmé que la République islamique n'avait pas encore pris de décision définitive quant au sort du TNP. Aujourd’hui engagé dans la 4ème phase de la réduction de ses engagements en matière nucléaire, l’Iran a fait savoir qu’elle mettait en chantier le second réacteur de la centrale nucléaire de Bouchehr, qu’elle ne respecterait plus le plafond lui interdisant d'enrichir l'uranium en isotope 235 à un taux supérieur à 3,67% et qu’elle reprenait ses activités d'enrichissement dans son usine souterraine de Fordo.
En mai 2019, un an après le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement des sanctions américaines, la République islamique a fait savoir qu’elle commencerait à réduire progressivement ses engagements si les signataires européens ne l’aidaient pas à contourner les sanctions américaines.
Estimant que ses partenaires européens avaient manqué à leurs obligations, l’Iran s’estime en droit de se désengager de certaines des dispositions signées en 2015.
Aujourd’hui, l’Iran ne respecte plus la limite de 300 kg imposée à ses stocks d'uranium (faiblement) enrichi et le rythme de production pourrait atteindre plus de 100 kg par mois.
Téhéran est passé d’une production d’environ 450 grammes d’uranium faiblement enrichi par jour à 5 kg. Le stock d'uranium faiblement enrichi atteint 551 kilogrammes, a déclaré le 3 novembre Ali Akbar Salehi, directeur de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, alors que l’accord sur le nucléaire de 2015 l’avait limité à 300 kg.
En réduisant progressivement ses engagements, Téhéran espère faire pression sur les autres États parties pour qu'ils l'aident à contourner les sanctions américaines. Le président iranien Hassan Rohani a laissé entendre que son pays réduirait encore ses engagements en janvier 2020 si les pays européens n’aidaient pas l’Iran à exporter le pétrole.
Si les cinq Etats encore parties affichent leur attachement au texte et leur intention de le sauver, tous conviennent que c’est chaque jour un peu plus difficile.