Chine – UE: dialogue direct mais sans percée
Le 25ᵉ sommet Chine–UE, le 24 juillet à Pékin, en Chine. Photo: Andres Martinez Casares/REUTERS |
Le sommet UE-Chine du 24 juillet à Pékin, organisé à l’occasion du 50e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux parties, a été présenté comme une étape clé. Pourtant, malgré une atmosphère de dialogue jugée constructive, les avancées concrètes se sont révélées limitées.
Deux sujets ont dominé les échanges: le rééquilibrage des relations économiques et l’influence que Pékin pourrait exercer sur Moscou pour favoriser une sortie de crise en Ukraine.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a insisté sur un déficit commercial annuel de plus de 300 milliards d’euros avec la Chine, dénonçant des déséquilibres structurels dans l’ouverture des marchés.
Elle a également exprimé les inquiétudes européennes face aux restrictions chinoises sur les exportations de terres rares, ainsi qu’à la concurrence exacerbée dans le secteur des véhicules électriques.
Concernant l’Ukraine, Bruxelles attendait un signal plus clair du pouvoir chinois quant à sa volonté de jouer un rôle actif en faveur d’un règlement du conflit. Mais aucune entente tangible n’a été conclue sur ces deux volets, si ce n’est un engagement réciproque à maintenir un dialogue franc sur les différends.
«Ce qui se passe entre les États-Unis et la Chine a également un impact sur l’Europe. Tout est interconnecté sur le plan politique. L’Union européenne avance avec une grande prudence. C’est ce qui rend ce sommet si complexe», résume Fabian Zuleeg, l’économiste en chef du Centre européen de politique à Bruxelles.
Malgré l’absence d’avancées majeures, le sommet a abouti à un communiqué commun sur le climat, réaffirmant la coopération sino-européenne en tant que pilier du maintien de l’Accord de Paris sur le climat de 2015, notamment depuis le retrait américain.
Le président chinois Xi Jinping a également formulé trois principes directeurs pour l’avenir des relations bilatérales : le respect mutuel, une coopération ouverte en gérant les différends avec justesse, et la promotion du multilatéralisme fondé sur le droit international.
Japon – UE: naissance d’une "Alliance pour la compétitivité"
Le sommet UE – Japon s’est tenu à Tokyo, le 23 juillet 2025. Photo: David Mareuil/REUTERS |
À Tokyo, le sommet UE-Japon tenu le 23 juillet s’est déroulé dans un climat bien plus consensuel. Il a débouché sur le lancement officiel d’une Alliance pour la compétitivité entre les deux puissances économiques. À travers cette initiative, l’UE et le Japon entendent renforcer leur résilience économique face aux bouleversements géopolitiques mondiaux, aux tensions commerciales sino-américaines et aux vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement.
Dans leur déclaration conjointe, les deux parties annoncent une coordination accrue dans les domaines de l’industrie, de l’énergie, des matières premières critiques, de la transition verte et du numérique. Des dialogues économiques réguliers de haut niveau sont prévus pour piloter cette coopération stratégique, notamment sur la sécurisation des chaînes logistiques et la protection des technologies sensibles.
Le projet évoque aussi la possibilité de co-investissements dans des projets d’extraction de ressources dans des pays tiers, marquant une nouvelle étape dans l’approche géoéconomique de l’UE.
Selon plusieurs analystes, cette alliance ne vise pas uniquement à consolider les liens bilatéraux, mais pourrait aussi préfigurer un futur mécanisme multilatéral de commerce en Asie-Pacifique, dans un contexte où l’Organisation mondiale du commerce peine à jouer son rôle d’arbitre.
«Nous croyons à la concurrence mondiale, à condition qu’elle bénéficie à toutes les parties. C’est pourquoi l’UE approfondit sa coopération avec les membres de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP). Ensemble, nous pourrions mener les réformes nécessaires de l’OMC, afin que les règles du commerce mondial reflètent mieux les défis actuels et les risques à venir», a souligné la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Un volet crucial de cette coopération renforcée concerne la sécurisation des chaînes d’approvisionnement en minéraux stratégiques, indispensables aux industries de haute technologie, de défense et d’énergie verte. L’UE et le Japon ont également décidé d’intensifier leurs recherches conjointes sur l’intelligence artificielle, les semi-conducteurs et la technologie 6G.
Le Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, a précisé que les deux parties ouvriraient des négociations sur un accord de protection des données personnelles (JPIPA), ainsi que sur la coopération dans le domaine de l’industrie de défense.