L’instabilité sur l’échiquier politique thailandais

Anh Huyen
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(VOVworld)- La Thailande a basculé dans l’instabilité la plus grave qu’a connu le pays depuis les répressions sanglantes contre les manifestants de 2010.

(VOVworld)- La Thailande a basculé dans l’instabilité la plus grave qu’a connu le pays depuis les répressions sanglantes contre les manifestants de 2010. Alors que le nombre des manifestations s’accroit, leur organisation laisse encore à désirer et toujours aucun signe d’apaisement au bout de la 32ème journée. Les violences ont fait 4 morts et plusieurs centaines de blessés. La police thailandaise a été forcée de recourir aux gaz lacrymogènes et aux canons à eau pour disperser la foule. Le scénario pessimiste de l’échiquier politique thailandais semble se reproduire alors que le pays devra certainement faire face aux évolutions imprévues de la situation dans les jours qui viennent.

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Le meneur du mouvement Suthep Thaugsuban (c), 64 ans, député, puis vice-Premier ministre, devant le ministère des Finances occupé par les manifestants. Bangkok, le 26 novembre 2013.
Source:REUTERS/Damir Sagolj

La Cour pénale thaïlandaise a émis lundi un mandat d'arrêt à l'encontre du leader de l’opposition Suthep Thaugsuban, ancien parlementaire du Parti démocrate, pour des faits de rébellion. L'opposant est accusé d'avoir orchestré une manifestation au cours de laquelle des milliers de manifestants anti-gouvernementaux ont envahi et occupé divers locaux du gouvernement, en faisant usage de la force et d'armes et en menaçant les fonctionnaires qui gardaient les locaux.

La Cours pénale a aussi émis des mandats d’arrêt à l’encontre de 4 leaders du Réseau d'étudiants et de citoyens pour la réforme de la Thaïlande, pour avoir investi et détruit certains sièges d’établissements étatiques. Avant cela, le leader de l’opposition, Suthep Thaugsuban, avait lancé un ultimatum à la Première ministre Yingluck Shinawatra, lui demandant de rendre le pouvoir au peuple pendant deux jours. Une revendication qui a été rejetée par le gouvernement thailandais, la considérant comme inconstitutionnelle.

Portrait du leader de l’opposition

A 64 ans, Suthep Thaugsuban n'est pas sans expérience de l'échiquier politique thaïlandais. Il était en effet vice-Premier ministre thailandais, de 2008 à 2011 pour le gouvernement qui avait ordonné la répression des manifestations pro-Thaksin Shinawatra, le Premier ministre renversé. Cette répression en 2010 a fait plus de 90 morts. Suthep Thaugsuban était un homme influent au sein du parti Démocrate pendant plusieurs décennies. Il avait aussi assumé le poste de ministre de l’agriculture et des télécommunications. Après l’arrivée au pouvoir de la Première ministre Yingluck Shinawatra, Suthep Thaugsuban s’est rallié aux forces de l’opposition. Et lorsque la chef du gouvernement thailandais soupesait le projet de loi contrôversé sur l’aministie, Sythep Thaugsuban a décidé de quitter son parti pour diriger les manifestations anti-gouvernementales. Déterminé à extirper « le gouvernement de Thaksin » qui continuait à fonctionner sous le nom du gouvernement de la Première ministre Yingluck Shinawatra, Suthep Thaugsuban appelle à remplacer le gouvernement actuel par un Conseil du peuple mais qui ne serait pas élu par le peuple, afin de choisir les dirigeants du pays.

Moteur politique

Pendant des années, l’échiquier politique thailandais est demeuré le théâtre d’affrontements opposant «les chemises jaunes» aux «chemises rouges». Si le gouvernement au pouvoir était pro-Thaksin, les «chemises jaunes» descendaient dans la rue pour protester. Par contre, si le gouvernement était anti-Thaksin, les «chemises rouges» manifestaient. Le cercle vicieux semble ne pas pouvoir s’arrêter. Cependant, entre 2001 et aujourd’hui, les partis pro-Thaksin remportaient toujours la victoire lors des élections. Et l’opposition ne pouvait arriver au pouvoir que grâce aux putchs qui renversaient le gouvernement. Ainsi, le projet de loi sur l’amnistie avancé par la Première ministre Yingluck Shinawatra consituait un prétexte formidable pour l’opposition qui souhaitait renverser le gouvernement actuel.

Faire appel à la souplesse pour vaincre la rigidité, cette tactique pourrait-elle fonctionner?

Face à la pression de l’opposition ces derniers jours, Yingluck Shinawatra, modérée, s’est déclarée prête à ouvrir la porte aux négociations et à mettre en oeuvre toute mesure permettant de rétablir la paix. Son gouvernement s’est engagé à faire preuve de retenue, à ne recourir qu’aux mesures modérées et à respecter tous les principes juridiques pour faire cesser les manifestations.

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De nouvelles échauffourées ont eu lieu toute la journée, avec jets de pierres sur la police, qui a répliqué avec des canons à eau et un usage intensif de gaz lacrymogènes. Bangkok, le 2 décembre 2013.
Source: REUTERS/Dylan Martinez.


A la télévision, la cheffe du gouvernement thailandais a fait plusieurs déclarations visant à apaiser la situation, en affirmant ne pas recourir à la force au lieu de lancer un ultimatum qui aurait pu porter atteinte à la population. De l’avis des observateurs, le gouvernement de la Première ministre Yingluck Shinawatra a su tirer les leçons de la crise de 2010 et ne souhaite pas répéter les erreurs du gouvernement précédent qui avait réprimé les manifestants. Cependant, le gouvernement actuel pourrait tomber dans un piège qui s’était déjà produit en 2008, lorsque les manifestants occupaient les sièges des organes de l’Etat et paralysaient donc l’administration nationale.

Il est pourtant difficile de prédire l’avenir du gouvernement thailandais. La tension politique à l’heure actuelle pourrait monter d’un cran, condamnant le gouvernement de Yingluck Shinawatra à perdre la maîtrise de l’Etat de droit s’il devait perdre le contrôle de la situation. Dans ce cas, un putch militaire, déjà familier à ce pays d’Asie, pourrait bel et bien se produire.

Pour le moment, le pays attend avec impatience cet événement qui pourra apaiser la situation: le 86ème anniversaire du roi Bhumibol ce jeudi, le 5 décembre. C’est un grand événements que tout le peuple et toutes les factions politiques se doivent d’honorer. Mais ce n’est qu’un petit moment d’apaisement avant l’arrivée du typhon qui frappe fort le pays des Pagodes d’or!

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