Le Premier ministre libanais Hassan Diab. Photo: Reuters
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La catastrophe qui a frappé les Libanais le 4 août
dernier est la cause d’une corruption
endémique dans la classe politique, dans l'administration et dans l'État. C’est
ce qu’a affirmé à la télévision le Premier ministre, Hassan Diab, en annonçant
la démission de l’intégralité de son gouvernement. La double explosion,
survenue dans le port de Beyrouth, a fait au moins 158 morts, plus de
6 000 blessés et ravagé près de la moitié de la capitale libanaise. Les dégâts matériels sont estimés à
5 milliards de dollars.
Les conséquences
inéluctables
La double explosion,
survenue dans le port de Beyrouth ravagé près de la moitié de la capitale libanaise. Photo: EPA
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Les explosions au port de Beyrouth étaient la catastrophe
de trop et la colère d’une large partie de la population libanaise contre les
dirigeants du pays, après des mois de crise politique et économique, est plus
que jamais ravivée. De violents incidents sont survenus les 8 et 9 août
lors de manifestations contre la classe politique rendue responsable de la tragédie.
Les forces de l’ordre ont tiré de nombreuses grenades lacrymogènes contre les
manifestants qui ont répliqué avec des jets de pierres et de projectiles.
Sous la pression populaire, trois ministres, un haut
assistant du Premier ministre et plusieurs députés ont démissionné les uns
après les autres, avant que Hassan Diab n’annonce la démission de tout son
gouvernement, nommé il y a seulement sept mois.
Des défis
majeurs...
Le plus grand défi est aujourd’hui de former rapidement
un nouveau cabinet. Pour ce pays, divisé depuis des décennies entre différents
partis politiques, cette mission s’annonce délicate. Rappelons que le Premier
ministre Hassan Diab avait mis un mois et demi à former son gouvernement à la fin
de l’année 2019 et qu’en 2016, Michel Aoun avait été élu président après 29 mois de vide institutionnel.
La reconstruction, aggravée par la pandémie de Covid-19,
s’annonce extrêmement difficile dans un pays déjà épuisé par la corruption.
Plus que jamais, Beyrouth a besoin du soutien de la communauté internationale,
mais les conséquences désastreuses de la crise sanitaire sur la planète rendent
incertaine la générosité des donateurs potentiels.
Avant sa démission, le Premier ministre Hassan Diab avait
proposé l’organisation d’élections parlementaires anticipées pour sortir le
pays de la crise structurelle. Selon les analystes, la situation ne s’y
prêterait pas. Outre que ce processus nécessite des fonds importants, il pourrait conduire
à des affrontements entre les différents partis politiques, comme ce fut le cas
lors des dernières élections. A cela s’ajoutent aussi les ingérences
extérieures des acteurs influents dans la région et dans le monde pour défendre
leurs intérêts.
Alors quelle sera la solution ? Seuls les Libanais
la trouveront si l’on en croit la devise de leur capitale :
« Beyrouth mille fois morte, mille fois revécue ».