Les nouveaux défis du Mouvement des non-alignés
Fondé en 1961 lors de la conférence de Belgrade, le Mouvement des non alignés a regroupé les pays qui ne souhaitaient pas s’inscrire dans la logique d’affrontement Est-Ouest, mais au contraire, favoriser l’indépendance effective des pays du Sud dans le cadre de la décolonisation. Vingt-cinq pays d’Asie, d’Afrique et du Proche-Orient ont participé à sa création. En 2016, le Mouvement compte 120 membres et joue donc un rôle important. De nouvelles mouvances altermondialistes prônent une mondialisation plus conforme à l’intérêt des pays du Sud, en s’inspirant des principes et luttes que le Mouvement a incarnés. Or, le contexte actuel et son imprévisibilité mettent en péril sa raison d’être.
Réunis ce weekend sous l’égide du Venezuela, coordinateur en chef du mouvement, les pays membres ont pointé les défis à relever afin de les résoudre. En plus de la pauvreté, des conflits confessionnels et interethniques, les pays en voie de développement se trouvent aujourd’hui confrontés à des politiques unilatérales des grandes puissances qui s’ingèrent et influencent leurs partenaires du Sud. Par conséquent, les principes d’autodétermination et de souveraineté prônés par les non-alignés ne sont plus pleinement respectés.
Des propositions du Vietnam
L’ambassadeur Dang Dinh Quy |
L’ambassadeur Dang Dinh Quy, représentant en chef du Vietnam auprès de l’ONU et à la conférence des non-alignés, a réaffirmé l’importance de l’unanimité et de la solidarité vis-à-vis de l’existence du mouvement. Il a appelé les États membres à observer strictement la charte de l’ONU et les principes fondamentaux de l’institution, ainsi que de s’unir contre l’ingérence des grandes puissances. Le multilatéralisme sera le mot d’ordre de notre avenir, a martelé Dang Dinh Quy. Il consiste, selon lui, à accélérer la mise en place de traités de libre-échange qui renforceront les économies de ces pays, et à défendre les intérêts des pays en voie de développement.
En prenant l’exemple de la mer Orientale, le diplomate a mis en relief le rôle de l’ASEAN dans le maintien de l’ordre en Asie du Sud-Est et dans cette zone stratégique. Afin de régler les conflits et de garantir la libre navigation maritime et aérienne, tout acte unilatéral susceptible de complexifier la situation, la violence et la militarisation de ce conflit par exemple, se doit d’être exclu. Il souhaite en revanche encourager les échanges pacifiques et appliquer pleinement le droit international. La Charte de l’ONU, la Convention sur le droit de la mer de 1982, la Déclaration sur la conduite des parties en mer Orientale constituent les principales références juridiques à observer, a rappelé Dang Dinh Quy, en soulignant l’urgence de parvenir à un code de conduite en mer Orientale. Il a enfin demandé aux non-alignés de soutenir la position de l’ASEAN, une action qui traduit le respect du droit international et la solidarité avec les autres États membres.
Membre du Mouvement des non-alignés depuis 1976 et bientôt membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, le Vietnam reste fidèle aux principes fondamentaux qui consistent à défendre l’indépendance, la démocratie et les progrès sociaux dans le monde.