Les nouveaux dirigeants de l’Union européenne face à des défis colossaux

Quang Dung
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(VOVWORLD) - La direction de l’Union européenne a changé. À l’exception d’Ursula von der Leyen, qui reste présidente de la Commission, tous les postes clés ont été confiés à de nouvelles figures. Le 1er décembre, Antonio Costa et Kaja Kallas ont commencé leurs mandats respectifs en tant que président du Conseil européen et haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’Union européenne. Pendant leur quinquennat, ils devront affronter les défis les plus importants jamais rencontrés depuis la création de l’Union européenne, qu’ils soient sécuritaires, géopolitiques ou économiques.
Les nouveaux dirigeants de l’Union européenne face à des défis colossaux - ảnh 1Le nouveau Parlement européen fait face à des défis majeurs, notamment sécuritaires, géopolitiques ou économiques, alors qu’il entame son mandat. Photo: AFP/TTXVN

Le casse-tête ukrainien

Dès le premier jour de leurs mandats, le nouveau président du Conseil et la nouvelle cheffe de la diplomatie européenne se sont rendus à Kiev. Ils ont affirmé au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, leur soutien indéfectible, alors que le conflit russo-ukrainien, qui a déjà dépassé les 1.000 jours, continue de causer de lourdes pertes humaines et matérielles. Le lendemain, le 2 décembre, le chancelier allemand Olaf Scholz s’est également rendu à Kiev, promettant une aide militaire d’environ 700 millions de dollars.

Le problème ukrainien devient de plus en plus complexe pour l’Union européenne, qui devra assumer seule le poids financier du conflit après l’investiture imminente de Donald Trump aux États-Unis. Ce dernier a souvent réitéré son intention de mettre fin immédiatement à l’implication américaine en Ukraine, exigeant que l’Union européenne prenne davantage de responsabilités. Leslie Vinjamuri, directrice du programme États-Unis et Amériques à l’Institut britannique Chatham House, nous livre son commentaire: 

«La préoccupation vitale pour l’Europe concerne ce qui se passera en Ukraine, la sécurité européenne, ainsi que l’engagement des États-Unis envers l’OTAN. Ce qui se passera en Ukraine aura une valeur symbolique. L’Europe y verra si les États-Unis lui apporteront un soutien fort et substantiel en cas d’incident majeur», fait-elle observer.

L’inquiétude des dirigeants européens ne découle pas uniquement de la politique américaine à venir, mais également et surtout de l’incertitude quant à la volonté politique et aux ressources économiques nécessaires pour continuer à soutenir l’Ukraine. Certes, la nouvelle cheffe de la diplomatie européenne est reconnue pour sa fermeté envers la Russie et son appui total à l’Ukraine, mais la grande question demeure: tous les États membres partageront-ils cette ligne politique?

L’Europe d’abord

De toute façon, l’Ukraine n’est qu’un des défis auxquels l’Union européenne doit faire face. Le risque de recul économique et la perte de compétitivité face aux États-Unis et à la Chine inquiètent profondément les dirigeants européens. Dans un rapport sur l’avenir de la compétitivité européenne publié en septembre, l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a averti que l’Europe était de plus en plus distancée par les États-Unis et la Chine, notamment dans les technologies de pointe. Selon lui, l’Union européenne risque même de devenir une victime dans la concurrence économique mondiale.

Face à ce risque, le rapport propose que l’Union européenne mette en place un «plan Marshall 2.0», impliquant des investissements annuels de 800 milliards d’euros dans les technologies, l’énergie et la défense.

Le 27 novembre, après l’approbation par le Parlement européen de sa nouvelle Commission 2024-2029, la présidente Ursula von der Leyen a annoncé sa stratégie, baptisée «Boussole de compétitivité». Un groupe d’action a également été créé pour traduire les recommandations de Mario Draghi en propositions politiques concrètes pour l’Union européenne. Selon Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission européenne et ancien ministre français des Affaires étrangères, cette initiative représente une version «L’Europe d’abord», en réponse à la politique «L’Amérique d’abord» de Donald Trump et à la domination commerciale de la Chine.

Cependant, il ne sera pas simple de traiter avec le futur président américain. Les responsables européens craignent que Donald Trump utilise les tarifs douaniers comme une arme pour obtenir un avantage commercial sur ses alliés. En témoigne la menace, formulée la semaine dernière, d’imposer des taxes de 25% sur les produits mexicains et canadiens. D’ailleurs, lors de son précédent mandat, Donald Trump avait fortement taxé les produits d’aluminium et d’acier européens pour forcer l’Union européenne à faire des concessions, comme le rappelle Paolo Gentiloni, commissaire économique de l’Union européenne. 

«Le retour éventuel des États-Unis au protectionnisme commercial sera très dévastateur, tant pour l’économie américaine que pour l’économie européenne. C’est pourquoi la Commission européenne va travailler avec la nouvelle administration américaine pour promouvoir un programme transatlantique puissant, tout en garantissant l’ouverture et la sûreté des canaux commerciaux internationaux», a-t-il déclaré.

Enfin, il convient de noter qu’au lieu d’un sentiment généralisé de crainte et de peur comme auparavant, de plus en plus d’officiels et de pays de l’Union européenne se montrent désormais prêts à tenir tête à Donald Trump. C’est notamment le cas de Robert Habeck, ministre allemand de l’Économie, qui souhaite faire comprendre à l’administration américaine l’importance du marché européen. Il a également appelé l’Europe à s’unir face à une éventuelle guerre commerciale déclenchée par Washington, avertissant que la timidité face aux États-Unis ne ferait qu’affaiblir l’Europe.

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