Photo: D. Calma/AIEA |
Cet événement annuel rassemble des hauts responsables des 178 États membres pour discuter de questions scientifiques, technologiques et des applications nucléaires, tout en abordant les menaces globales pesant sur la sécurité nucléaire.
Du nucléaire pour l'alimentation, la santé et l'énergie
Dès l’ouverture, la promotion des usages pacifiques de l’énergie nucléaire a été soulignée. Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA, a présenté de nouveaux plans pour l'initiative Atoms4Food, lancée en 2023 en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Ce projet vise à soutenir l'usage de l'énergie nucléaire dans l'irradiation des aliments, l'élimination des insectes nuisibles, la conservation des produits alimentaires, et le développement de technologies améliorant la qualité des sols et des cultures. L'objectif est d’accroître la production alimentaire mondiale et de mieux répondre aux défis climatiques dans l’agriculture.
Une autre priorité majeure de l’AIEA est l’utilisation accrue de l’énergie nucléaire dans le diagnostic et le traitement du cancer. Lors du Sommet de l’Union africaine en février 2022, l’AIEA, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a lancé l’initiative "Rayons d’espoir" pour aider les pays en développement à établir des centres de radiothérapie pour le traitement du cancer. Depuis le lancement de cette initiative, 86 pays ont sollicité l’assistance de l’AIEA, et des projets ont été mis en œuvre dans 30 pays. Grâce à ces efforts, des millions de personnes bénéficient d’un diagnostic précoce et d’un traitement du cancer. Lors de la présente Assemblée générale de l’AIEA, il est prévu que près de 200.000 personnes à travers le monde bénéficient d’une détection précoce du cancer pendant les cinq jours de la réunion.
«L’initiative "Rayons d’espoir", mise en œuvre par l’AIEA en collaboration avec l’OMS, soutient les pays du monde entier, en particulier ceux à revenu intermédiaire et faible, où il arrive parfois qu’aucun équipement de radiothérapie ne soit disponible. Le soutien de l’AIEA se traduit par la fourniture d’équipements, la formation du personnel, et parfois même la construction de centres de traitement», a déclaré Rafael Grossi.
En plus de l’alimentation et de la santé, l’énergie reste une priorité clé pour l’AIEA. Dans son rapport intitulé "Estimations de l’énergie, de l’électricité et de l’énergie nucléaire jusqu’en 2050", publié lors de l’ouverture de la 68e Assemblée générale, l’agence prévoit une croissance majeure de l’énergie nucléaire à l’échelle mondiale d’ici 2050. La capacité mondiale de production d’électricité nucléaire pourrait atteindre 950 gigawatts, soit 2,5 fois plus qu’en 2023. Cette progression est principalement due aux avancées technologiques dans les réacteurs modulaires de petite taille (SMR), qui sont plus rapides à construire et plus simples à exploiter.
Rafael Grossi a souligné que l’énergie nucléaire est désormais reconnue comme une source d’énergie propre et sûre, de plus en plus de pays envisageant de construire des SMR pour dynamiser leur économie tout en réduisant les émissions de carbone. L’AIEA organisera ainsi du 21 au 25 octobre à Vienne la première Conférence internationale sur les SMR et leur application, avec un accent particulier sur le soutien aux pays en développement.
Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA. Photo: D. Calma/AIEA |
Une sécurité nucléaire renforcée
Outre les discussions sur l’utilisation pacifique et le développement de l’énergie nucléaire, la 68e Assemblée générale de l’AIEA accorde également une attention particulière à la sécurité nucléaire, dans un contexte de conflits et de tensions géopolitiques croissantes dans plusieurs régions. Concernant les "zones de conflit", notamment les centrales nucléaires en Ukraine, Rafael Grossi a indiqué que l’AIEA avait mené plus de 140 missions d’inspection et de surveillance régulières dans diverses centrales nucléaires ukrainiennes, notamment à Zaporizhzhya, Rivne et Khmelnytskyy. Il a également récemment visité la centrale nucléaire de Kursk en Russie, où des affrontements intenses ont lieu entre les forces russes et ukrainiennes. Rafael Grossi a affirmé que, quelles que soient les circonstances, les centrales nucléaires doivent être protégées contre les attaques, et il a appelé la communauté internationale à soutenir l’AIEA dans sa mission de garantir la sécurité de ces installations.
En ce qui concerne le programme nucléaire iranien, Rafael Grossi a exprimé son souhait de reprendre les discussions avec le nouveau président iranien, Masoud Pezeshkian, avant novembre 2024, afin de raviver l’accord nucléaire P5+1, avant d'éventuels changements sur la scène politique américaine.
«Je souhaite pouvoir discuter avec le nouveau président iranien et son gouvernement, et poursuivre les efforts pour fournir des garanties solides à la communauté internationale que le programme nucléaire de l’Iran est à des fins pacifiques. Bien qu’il reste des défis à surmonter, ils ne sont pas insurmontables», a-t-il déclaré.
Concernant les efforts pour atténuer les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, l’AIEA travaille à finaliser un accord avec l’Arabie Saoudite pour la mise en place d’un mécanisme de surveillance régulière et complète des installations nucléaires dans le pays à partir de fin 2024. Cette initiative marque un progrès important dans un contexte où plusieurs pays du Moyen-Orient envisagent de développer leurs programmes nucléaires à des fins non pacifiques.