(VOVworld) - Les grandes lignes du nouveau paysage politique se dessinent en Iran. Les alliés réformateurs et modérés du président Hassan Rohani ont fortement progressé face aux conservateurs lors des élections tant au parlement qu’à l’Assemblée des experts, chargée de désigner le Guide suprême en Iran. Une victoire conforterait la politique d’ouverture du président Rohani.
Le président Rohani, photographié le 26 février 2016. Photo : REUTERS/President.ir
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Il s’agissait du premier grand rendez-vous électoral depuis l’accord conclu en juillet sur le programme nucléaire iranien, qui a ouvert la voie à la levée des sanctions internationales contre la République islamique. Les réformateurs et modérés, qui sont alliés dans la liste « Espoir », sont largement en tête à Téhéran face aux conservateurs, remportant la totalité des 30 sièges selon des résultats quasi définitifs portant sur près de 90% des voix exprimées.
Un double scrutin vital pour le futur
Le président Hassan Rohani est en passe de réaliser son pari à l’issue d’un double scrutin vital à la poursuite de sa politique d’ouverture. Les électeurs ont renforcé la crédibilité et la marge de manoeuvre de son gouvernement. « La compétition est terminée. Il est temps d’ouvrir un nouveau chapitre du développement économique de l’Iran, fondé sur ses capacités intérieures et les opportunités internationales », a dit le chef d’Etat iranien.
Les Iraniens, en quête d’une vie meilleure, veulent voter pour un nouvel organe législatif capable de piloter le pays récemment sorti de l’isolement politique et diplomatique. Si certains électeurs évoquent les questions de société, ils ne se font guère d’illusions, conscients de la marge de manœuvre limitée du président. Si les électeurs qui soutiennent Hassan Rohani sont favorables à sa politique d’ouverture, c’est aussi vraisemblablement parce que nombre d’entre eux espèrent que l’accord sur le nucléaire permettra à l’Iran de renouer avec la croissance et l’ouverture au monde. Le camp des conservateurs et leurs hostilités persistantes contre les « ennemis traditionnels » ne peut plus convaincre les électeurs.
Le vent réformiste a-t-il soufflé ?
La scène politique iranienne témoigne d’une concurrence sans pitié entre conservateurs et réformateurs. Les seconds insistent sur les changements radicaux pour fuir les sanctions et se rapprocher du monde tandis que les premiers redoutent que le vent réformateur détrône leurs pouvoirs.
La victoire des réformateurs est jugée cruciale pour le futur de la République islamique. Elle permettra au président Rohani de coopérer avec un parlement plus réformiste et modéré pour doper le développement économique et la coopération internationale. Il veut créer plus d’emplois et accueillir des investisseurs étrangers. Des politiques favorables sont donc indispensables pour convaincre les entreprises étrangères de s’implanter sur ce marché fort de 80 millions d’habitants.
De l’avis des experts, il sera difficile, compte tenu de sa structure politique, de réformer immédiatement après les élections. Pour rappel, depuis la Révolution islamique de 1979, l’Iran est une république théocratique islamique. A la tête du pays se trouve le Guide Suprême, autorité religieuse dominante. Le président de la République, détient le pouvoir exécutif qui se limite toutefois à une Assemblée des experts, composée de 88 membres religieux élus pour 8 ans au suffrage universel direct. Mieux vaut fixer une feuille de route et réformer pas à pas.