Législatives en Grèce : la joie des uns, l’inquiétude des autres

Hong Van
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(VOVworld) - Les Grecs ont, sans surprise, voté en faveur du parti de gauche radicale Syriza. Son dirigeant Alexis Tsipras est devenu le nouveau Premier ministre. C’est la première fois depuis la fin de la Seconde guerre mondiale qu’un parti de gauche prend le pouvoir dans ce pays.

(VOVworld) - Les Grecs ont, sans surprise, voté en faveur du parti de gauche radicale Syriza. Son dirigeant Alexis Tsipras est devenu le nouveau Premier ministre. C’est la première fois depuis la fin de la Seconde guerre mondiale qu’un parti de gauche prend le pouvoir dans ce pays. Mais si les Grecs sont heureux, les autres Européens sont inquiets. Syriza a toujours rejeté catégoriquement les politiques drastiques imposées par l'Union européenne.


Législatives en Grèce : la joie des uns, l’inquiétude des autres - ảnh 1
Photo: AFP
 

Selon les résultats proclamés lundi par le ministère de l’Intérieur, Syriza à très largement devancé le parti « Nouvelle démocratie » du Premier ministre sortant Antonis Samaras avec 36,37% des voix. Syriza dispose dès lors de 149 sièges sur les  300 du parlement, contre 76 pour « Nouvelle démocratie ». Le parti néo-nazi Aube Dorée est arrivé en 3ème position suivi de près par les centristes de Potami (La Rivière). Ces deux partis partageront 17 sièges au nouveau parlement. Le parti communiste grec est en 5ème position, il aura 15 sièges.

Une campagne électorale correspondante aux souhaits du peuple

Syriza a gagné, ce n’est pas une surprise. Les sondages réalisés avant le suffrage  lui donnaient largement la préférence des électeurs. Rappelons en effet qu’Alexis Tsipras avait axé sa campagne contre l’austérité exigée par les créanciers de son pays depuis 5 ans. Il promettait que s’il était élu, il mettrait fin à la politique d’austérité, suspendrait la réduction des salaires et des dépenses publiques, stopperait la corruption. C’est exactement ce dont les Grecs croient avoir besoin, eux qui se sentaient asphyxiés par les mesures draconiennes imposées par les créanciers. En réalité, ces mesures drastiques ont, en dépit d’une croissance économique mitigée,  accentué le chômage, dont le taux est aujourd’hui estimé à 25%. La précarité serait l’une des causes ayant poussé les habitants à voter en faveur de Syriza au détriment des aides internationales.

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Le chef de file de Syriza, Alexis Tsipras, prononce son discours de victoire après les élections législatives, dimanche 25 janvier 2015 à Athènes (Grèce). Photo : AFP.

Pour séduire ses électeurs, Alexis Tsipras a promis lundi, lors de sa cérémonie d’investiture à Athènes, d’oeuvrer dans les intérêts du pays et des Grecs. « Le verdict du peuple grec signifie la fin de la troïka », a-t-il déclaré immédiatement après sa victoire historique, une déclaration inquiétante pour l’Union européenne. Le nouveau Premier ministre a précisé qu’à partir du 26 janvier, la Grèce n’appliquera plus la politique d’austérité, qu’Athènes proposera son propre plan de réforme, d’investissement et de rétablissement économique. Les programmes de coopération avec l’Eurogroup, qui réunit les ministres des Finances de la zone euro, doivent s’arrêter, a-t-il indiqué.

L’inquiétude pour l’Eurozone

Tout en félicitant les dirigeants de Syriza, plusieurs responsables européens ont tenu à leur rappeler la responsabilité de la Grèce d’honorer son engagement auprès de ses créanciers. La chancelière allemande Angela Merkel a confirmé qu’elle attendait du futur gouvernement qu'il respecte ses engagements en matière de réformes économiques et de rigueur budgétaire. Berlin veut coopérer avec le nouveau gouvernement grec mais examinera avec précaution ses futures politiques et sa façon de réaliser les engagements du pays. Le Premier ministre finlandais Alexander Stubb a, de son côté, déclaré : « Il n'y aura aucune réduction de la dette, mais nous sommes disposés à renégocier l’échéancier des remboursements, dont la première échéance arrive le 28 février »

Pour sa part, Alexis Tsipras a laissé entendre qu’il resterait dans la zone euro à condition que l’Union européenne réduise la dette grecque et renégocie les conditions du pacte d’aide des quelque 240 milliards d’euros attribués à la Grèce en 2010 par la Troika (Le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et l’Union européenne). A défaut, la Grèce pourrait quitter l’euro.

A supposer que la Grèce opte pour son retrait de la zone euro, il est peu probable que les perspectives offertes par Athènes soient meilleures et au surplus, cette situation ne lui évitera pas de rembourser sa dette, compte tenu de ce que ses créanciers n’entendent faire aucune concession. La Grèce « doit payer, ce sont les règles du jeu européen, il n'y a pas de place pour un comportement unilatéral en Europe », a déclaré Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne.

La monnaie unique de l’Eurozone a chuté lundi à 1,112 dollar, son plus bas niveau depuis 11 ans. A l’inverse, l’or a atteint son plus haut niveau depuis 5 mois sur le marché asiatique, conséquence des inquiétudes européennes.

Sur le plan politique, on voit déjà un effet domino. Le succès de Syriza a en effet crée l'espoir chez les partis de gauche radicale européens. Le parti Podemos en Espagne a encouragé ses électeurs à se mobiliser contre l’austérité en vigueur. Pablo Iglesias, son leader, a déclaré devant ses partisans à Valence que son parti remporterait, lui aussi.

Certes, de multiples enjeux se posent à Syriza et à l’Union européenne. Quel scénario pour la Grèce ? Tous les yeux se tournent désormais vers Athènes pour suivre de près ces nouvelles évolutions.

 

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