Conséquence directe du conflit russo-ukrainien et de l’instabilité des chaînes d’approvisionnement, le taux d’inflation connaît une hausse exponentielle, aussi bien pour les pays en développement que pour les pays développés. Les banques centrales sont obligées d’ajuster leurs taux directeurs, faisant ainsi courir au monde entier le risque d'une récession économique.
Face à un risque de plus en plus pressant...
Le siège de la banque centrale américaine (Fed). Photo: AVI |
La banque centrale américaine (Fed) a annoncé ce 21 septembre une hausse de ses taux directeurs de 0,75 point. Cette hausse est déjà la cinquième de l’année, et la troisième à atteindre un tel niveau... Et ce n’est sans doute pas fini, pas tant que la machine infernale ne sera pas enrayée, a prévenu la Fed...
Il faut bien comprendre que ces hausses ne sont jamais que des moyens de colmater la brèche, et que la croissance risque de s’en trouver amoindrie. Les experts redoutent en effet une sorte d’effet domino qui voudrait que les taux directeurs entrainent dans leur sillage d’autres taux d’intérêt (prêts immobiliers, crédits auto, emprunts...), réduisant ainsi à néant les perspectives de croissance. Le président de la Fed, Jerome Powell, ne s’est d’ailleurs pas caché qu’il y avait là un risque majeur...
Si l’on s’en tient au dernier rapport de la Fed, en date du 21 septembre, le taux de chômage des États-Unis, aujourd’hui à 3,7 %, devrait augmenter sous l’effet de la hausse des taux, pour passer à 4,4% en 2023. Ainsi, la Fed, qui a actualisé ses prévisions pour l'économie américaine, prévoit désormais une croissance du PIB quasi-nulle en 2022 (+0,2%), quand elle tablait, en juin, sur +1,7%. Elle la voit rebondir ensuite à 1,2% en 2023...
Le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass. Photo: AVI |
Outre les États-Unis, de nombreuses économies à travers le monde sont actuellement confrontées à un risque de récession. Selon une nouvelle étude approfondie de la Banque mondiale publié le 15 septembre, la hausse générale et simultanée des taux directeurs en réponse à l’inflation accentue le risque d’une récession mondiale en 2023. La croissance mondiale ralentit fortement et ce ralentissement pourrait bien s'accentuer encore si d’autres pays entraient en récession. «Je crains fort que cette tendance se poursuive, avec des conséquences prolongées et dévastatrices pour les populations des économies émergentes et en développement», a alerté le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass.
De même, la Banque asiatique de développement (BAD) a abaissé ses prévisions de croissance en 2022 pour les pays en développement de l’Asie, tablant désormais sur 4,3% contre 5,2% en avril. Elle a aussi abaissé sa prévision de croissance pour la Chine en 2023 à 3,3%, soit 2,7 points de moins que sa dernière estimation publiée en avril.
... la prudence reste de mise
Alors qu’il devient clair que le conflit russo-ukrainien est parti pour durer, les banques centrales n’ont pas d’autre choix que de se faire plus interventionistes, avec les risques que cela comporte...
De leur côté, les économistes appellent les gouvernements à agir de manière prudente et à faire en sorte de maintenir la production et d’assurer un minimum de croissance. L’économiste en chef de la BAD, Albert Park, a noté que l’Asie en développement continuait de se redresser, mais que les risques étaient importants.