(VOVworld)- Le congrès américain a adopté le 7 février une loi sur la ferme contenant des clauses tout à fait protectionnistes sur le plan agricole. Cette loi risque de nuire gravement aux exportations de pangasius vietnamiens, et par là-même, d’affecter de nombreux éleveurs du delta du Mékong.

Selon la loi sur la ferme nouvellement promulguée, les pangasius devront passer au crible de nouvelles barrières techniques dressées par le département américain de l’agriculture. Alors qu’elle était jusqu’à présent l’apanage du service de gestion pharmaceutique et alimentaire, la supervision des sillures, et à fortiori des poissons Tra et Basa du Vietnam, va être transférée au département de l’agriculture, lequel ne se contentera pas de contrôler la qualité et l’hygiène alimentaire des poissons. Les zones d’élevages pourraient désormais être, elles-aussi, soumises à des contrôles et se voir imposées les normes en vigueur aux Etats-Unis.   

Une loi protectionniste

En vertu des clauses de la loi sur la ferme, le département américain de l’agriculture obligera les pays exportateurs de sillures à appliquer les mêmes normes de qualité que pour les sillures américaines, depuis l’élevage jusqu’à l’exportation. En d’autres termes, les éleveurs de sillures vont se voir imposer des mesures de contrôle drastique et coûteuses, inapplicables dans bien des pays. Or, les mesures en question ne concernent en rien l’hygiène alimentaire, elles ne sont qu’un prétexte destiné à empêcher les importations de sillures aux Etats-Unis. Faut-il le préciser? Ce sont bien entendu les éleveurs américains qui sont les gagnants de ce marché de dupes, au  détriment, notamment, de leurs confrères vietnamiens dont près du tiers du volume d’exportation est destiné… aux Etats-Unis. Truong Dinh Hoè, secrétaire général adjoint de l’association des traiteurs et exportateurs de produits aquatiques du Vietnam: « Les exportations de pangasius se heurtent à d’innombrables difficultés, à commencer par la perte des débouchés essentiels et les taxes anti-dumping sur le marché américain. Les intrants au Vietnam connaissent aussi des évolutions défavorables. Leur prix n’est pas intéressant, ce qui pose des difficultés aux éleveurs vietnamiens.»

Des défis pour l’aquaculture vietnamienne

Tous les bassins d’élevage et toutes les usines de traitement devront être améliorées et sévèrement contrôlées suivant les normes américaines si le Vietnam souhaite exporter ses pangasius aux Etats-Unis. Le département américain de l’agriculture doit préciser d’ici 2 mois quelles sont les conditions d’application de sa nouvelle loi sur la ferme. Mais d’ores-et-déjà, il est aisé de comprendre que les normes américaines de production, de traitement et d’emballage des produits aquatiques ne sont pas facilement applicables par d’autres pays, à fortiori par le Vietnam.

L’industrie agro-alimentaire du Vietnam a néanmoins pris les devants. L’application de cette loi américaine lui posera des difficultés dans un premier temps et les exportations de pangasius vietnamiens vers les Etats Unis pourraient s’en ressentir. La filière d’exportation de produits aquatiques du Vietnam doit surmonter ce défi par la réorganisation de la production pour s’adapter aux nouvelles exigences du marché   mondial. Nguyen Huu Dung, vice-président de l’association des traiteurs et exportateurs de produits aquatiques du Vietnam: « La traçabilité est une demande objective. Les entreprises doivent améliorer leurs méthodes de travail, appliquer l’étiquetage et indiquer les normes commerciales des pangasius avec la codification des informations sur la sécurité alimentaire. Avec cette mesure, les consommateurs pourront choisir. De plus, la communauté d’entreprises doit avoir accès aux informations afin d’éviter les scandales et les affaires nuisibles aux pangasius vietnamiens. »