Le culte des rois Hùng, un point d’appui de l’union nationale

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(VOVWORLD) - Le 6 décembre 2012, à Paris, l’UNESCO inscrivait officiellement le culte des rois Hùng à Phu Tho sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. Ce culte, qui participe de l’identité culturelle vietnamienne, a donc dépassé les frontières nationales pour devenir un bien commun de tous les peuples. Mais il est surtout un point d’appui de l’union nationale vietnamienne.

De l’histoire…

Le culte des rois Hùng, un point d’appui de l’union nationale - ảnh 1Les temples des rois Hùng. Photo: Tu Anh

Selon la légende, après que le roi Hùng 18 lui a cédé son trône, Thuc Phan aurait érigé un poteau en pierre sur le mont Nghia Linh, en jurant de défendre, jusqu’à son dernier souffle, le pays que lui a confié le monarque, et de veiller à ce que le culte des rois Hùng soit à jamais pratiqué aux temples qui leur sont dédiés.

En 40 après JC, les deux sœurs Trung, lorsqu’elles ont déclenché une insurrection contre les agresseurs Han, se sont rendues à l’estuaire du fleuve Hat, où elles ont fait le serment de restaurer la gloire des rois Hùng.

Les dynasties qui se sont succédé ont toutes encouragé la population à vénérer ces rois. Les premiers documents historiques à prendre note de l’ère des rois Hùng, en l’occurrence “Dai Viêt su luoc” (Abrégé de l’Histoire du Dai Viêt) et “Dai Viêt su ky toàn thu” (Les Annales complètes du Dai Viêt), affirment que ces rois sont les ancêtres communs du peuple vietnamien. Les dynasties Lê postérieur, Tây Son et Nguyên ont par ailleurs publié des décrets en l’honneur des temples des rois Hùng à Phu Tho.

Le culte des rois Hùng, un point d’appui de l’union nationale - ảnh 2L’historien Duong Trung Quôc. Photo: AVI

Cette tradition s’est poursuivie après l’indépendance du pays, le 2 septembre 1945. Le 18 février 1946, le Président Hô Chi Minh a ainsi promulgué un décret sur les grandes fêtes annuelles, stipulant notamment que l’anniversaire des rois Hùng, fondateurs de la nation, qui tombe au dixième jour du troisième mois lunaire, serait désormais un jour férié. Cette année-là, le Vietnam indépendant a célébré sa première fête des rois Hùng, comme le rappelle l’historien Duong Trung Quôc.

«Après avoir conquis l’indépendance, en 1946, c’est le Président Hô Chi Minh en personne qui a dirigé la cérémonie de commémoration des rois Hùng. Le ministre de l’Intérieur Huynh Thuc Khang conduisait pour sa part la délégation du gouvernement aux temples dédiés aux rois à Phu Tho. Parmi les offrandes que la délégation a présentées, il y avait une carte du Vietnam complet avec le Nord, le Centre et le Sud unifiés, ainsi qu’un sabre marquant la volonté des Vietnamiens de défendre leur pays», indique-t-il.

À la réalité

Le Vietnam est l’unique pays au monde à pratiquer un culte des ancêtres communs, et ce, depuis des milliers d’années. Transmis de génération en génération, ce patrimoine culturel est la source de l’union nationale, comme l’affirme le professeur Nguyên Chi Bên, ancien directeur de l’Institut national de la culture et des arts.

“Le culte des rois Hùng répond à tous les critères requis par l’UNESCO pour figurer sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. Sa préservation fait l’objet d’un plan d’action impliquant toutes les communautés vietnamiennes qui en font une partie indispensable de leur identité», souligne-t-il.

Pour Hô Dai Dung, vice-président du comité populaire de la province de Phu Tho, préserver et valoriser le culte des rois Hùng ne signifie pas seulement perpétuer une tradition ancestrale mais également célébrer l’indépendance, l’autonomie et la résilience de la nation vietnamienne.

«Nous nous sommes concertés avec des chercheurs et des historiens, pour définir des rites de culte commun qui soient à la fois justes, concis et chaleureux. Nous avons pris contact avec toutes les autres localités disposant de sites et de temples dédiés aux rois Hùng pour leur demander de faire en sorte que les cérémonies se déroulent de manière synchrone et homogène, notamment au niveau du dressage de l’autel. À ce jour, toutes les cérémonies en l’honneur des rois fondateurs partout dans le pays sont déjà quasiment identiques», se félicite-t-il.

Évidemment, les temples des rois Hùng situés au mont Nghia Linh à Phu Tho restent le haut-lieu incontesté de cette croyance nationale. Chaque année, au troisième mois lunaire et notamment au 10e jour, des pèlerins affluent de tous les coins du pays, voire même de l’étranger.

Parmi eux: Dang Van Ninh, un habitant de Thanh Hoa, Trinh Ngoc Minh Hiên, étudiante en Hongrie et Trân Thu Huong, une Vietnamienne résidant en République tchèque.

«Nous sommes très émus… Les rois Hùng ont fondé le Vietnam, où nous vivons aujourd’hui dans la paix et le bonheur», dit le premier.

«Je suis catholique mais je suis toujours reconnaissante envers nos ancêtres communs. Ce pèlerinage est pour moi comme un retour au giron de mes parents. Riches ou pauvres, et peu importe notre origine ethnique, tous les Vietnamiens s’aiment, se solidarisent, et s’entraident pour édifier le pays sur les fondements que nous ont laissés les rois Hùng», partage la seconde.

«Je me suis renseignée sur le culte des rois Hùng mais ce n’est qu’ici, en leur offrant de l’encens, que je vois s’élever en moi autant d’émotions. Je me sens responsable pour propager ces valeurs auprès des autres», renchérit la troisième.

Ces témoignages nous montrent combien le culte des rois Hùng est ancré dans la conscience collective et à quel point il peut contribuer à la consolidation et au renforcement de l’union nationale. En vénérant leurs ancêtres communs, les Vietnamiens sont plus que jamais déterminés à défendre et à développer leur pays.

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