Le chancelier allemand Olaf Scholz (gauche) et le Premier ministre indien Narendra Modi. Photo: Reuters

Cette visite, la première d’Olaf Scholz en qualité de chancelier, attire une attention internationale particulière. Elle intervient alors que plusieurs États membres de l’Union européenne, frappés par les conséquences du conflit russo-ukrainien, cherchent à se rapprocher de l’Inde, qui s’impose de plus en plus sur la scène internationale comme un partenaire incontournable.

Le contexte

Olaf Scholz est arrivé en Inde au lendemain du premier anniversaire du conflit russo-ukrainien, une crise qui a bouleversé la géopolitique mondiale et surtout la santé économique européenne et allemande. Étant l’un des plus grands fournisseurs d’armes à Kiev, Berlin s’est engagé à lui accorder une contribution militaire s’élevant à 2,5 milliards de dollars. L’Allemagne, dont la politique extérieure a changé de pivot, s’emploie aujourd’hui à renforcer les liens avec ses alliés traditionnels, dont les États-Unis et les pays européens, et à se distancier de la Russie, notamment en matière énergétique. Berlin s’applique aussi à diversifier ses partenariats économiques et ses marchés pour réduire sa dépendance à la Chine.

Dans ce contexte, l’Inde figure dans sa ligne de mire. Deuxième pays le plus peuplé au monde et puissance nucléaire mondiale, ce pays du sud-asiatique s’abstient toujours de soutenir les sanctions contre la Russie imposées par les Occidentaux. Le 23 février, New Delhi a voté blanc pour une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU exigeant le retrait immédiat des troupes russes du territoire ukrainien. L’année dernière, le 12 octobre, New Delhi avait fait de même vis-à-vis d’un projet de résolution de l’ONU protestant contre l’annexion par la Russie de quatre régions séparatistes ukrainiennes. En même temps, l’Inde continue d’intensifier ses relations avec la Russie, notamment dans le domaine énergétique, permettant à Moscou de résister contre des milliers de sanctions occidentales.

Les objectifs de Berlin

Olaf Scholz est arrivé en Inde avec de nombreux calculs stratégiques. Accompagné de représentants de grandes entreprises allemandes, le chancelier s’est entretenu samedi avec le Premier ministre indien Narendra Modi sur les moyens de dynamiser les échanges commerciaux entre les deux pays. Il a rappelé la nécessité de finaliser les négociations et de signer un accord de libre-échange entre l’Union européenne et l’Inde.

Après avoir visité Bangalore, la Silicon Valley indienne, Olaf Scholz a salué le développement rapide du domaine informatique et la qualité des ressources humaines indiennes. Il a promis d’accorder des conditions favorables aux ingénieurs indiens souhaitant travailler en Allemagne.

C’est donc en jouant la carte économique que le chancelier allemand tente de donner de nouvelles opportunités de développement à son propre pays et de regagner la sympathie de l’Inde pour l’Union européenne et l’Occident en général. Ses calculs apporteront-ils des bons résultats? Le temps nous le dira.