Trân Duc Nuôi (gauche), l’un des
reporters de l’époque
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20 décembre
1960. Le Front national de libération du Sud Vietnam est créé. Aussitôt, le
comité central du Parti confie à la Voix du Vietnam la tâche de créer une radio
révolutionnaire, à destination du Sud.
Dès le nouvel
an lunaire suivant, en 1961, la radio nationale dépêche certains de ses
journalistes dans le sud. Mais il faudra attendre le 1er février
1962, très exactement, pour que la radio de la libération, la bien nommée, diffuse
sa première émission. Elle restera active 14 ans durant, ensuite, jusqu’à la
libération, en dépit des nombreuses tentatives de destruction. Sa
mission ? Encourager les soldats et la population.
Une arme efficace
Cette
radio de la libération s’est toujours affirmée comme un vecteur d’information avant-gardiste, en se faisant
le relais du Front national de libération du Sud-Vietnam et du Gouvernement
révolutionnaire provisoire du Sud-Vietnam auprès des soldats, des habitants,
mais aussi des partisans de la paix, où qu’ils se trouvent de part le monde.
Les émissions en langue étrangère, car il y en a eu, auront en effet permis
d’éclairer la communauté internationale sur la juste cause de la lutte du peuple
vietnamien.
Grâce
à la radio de la libération A, dont le siège se situait à l’époque au 58 rue
Quan Su, à Hanoï, 5 émissions, en vietnamien, en français, en anglais, en
chinois et en khmer, allaient être diffusées 10 heures par jour.
« L’un
des principaux objectifs était d’aider le monde à comprendre ce qui se passait
réellement au Vietnam, mais aussi d’encourager les soldats et la population »,
nous explique Trân Duc Nuôi, l’un des
reporters de l’époque. « De son vivant, le général Vo Nguyên Giap avait
affirmé que cette radio de la libération valait bien une division à elle
seule !... Quant à Nguyên Thi Binh,
l’ancienne présidente, elle a toujours jugé que sur le terrain diplomatique,
cette radio avait joué un rôle déterminant, non seulement parce qu’elle avait
permis au Vietnam de s’imposer dans les négociations, mais aussi parce qu’elles
avaient permis d’éveiller les consciences au sein de la communauté
internationale, y compris au sein de la population américaine. »
Nguyên
Yên Tuyêt est journaliste. Elle n’oubliera jamais ces années passées à
travailler pour la radio de la libération, des années d’héroïsme et
d’abnégation, durant lesquelles il fallait braver la mort pour couvrir les
combats.
« Nous
allions non seulement dans le Sud, mais aussi dans d’autres régions du pays »,
nous raconte-t-elle. « Une fois, je me suis rendue dans un hôpital
militaire où j’ai rencontré des invalides qui avaient tous perdu soit un bras
soit une jambe… En sortant de là, je me suis dit que je devais faire davantage
d’efforts, que j’avais eu beaucoup plus de chance qu’eux… »
Une belle récompense
En
14 années de diffusion, la radio de la libération aura perdu 24 journalistes,
en tout. C’est le 31 août 1976, très exactement, qu’elle a cessé ses activités,
c’est à dire plus d’un an après la libération du Sud
et la réunification du Vietnam : mission accomplie, donc. Nguyên Thi Kim Cuc, qui
travaillait à l’époque pour son journal d’actualités, n’arrive pas à cacher sa
fierté à l’idée que le titre de « Héros des forces armées
populaires » puisse être remis à la radio de la libération.
« En 1976, la radio de la
libération n’avait plus de raisons d’être : elle avait accompli sa
mission, et avec brio ! Mais ses contributions doivent rester gravées dans
la mémoire et le cœur des Vietnamiens. Nous sommes fiers de ce que nous avons
fait pour le Vietnam pendant sa lutte anti-américaine », nous dit-elle.
Ce
titre de « Héros des forces armées populaires » sera donc attribué à la
radio de la libération à l’occasion du 73e anniversaire de la
fondation de la Voix du Vietnam, le 7 septembre. Même si elle lui est décernée
42 ans après qu’elle ait cessé d’émettre, cette récompense du Parti et de
l’État vise non seulement à rendre hommage à ses journalistes les plus
émérites, mais aussi à inciter les jeunes de la radio nationale à s’inscrire dans
les traces glorieuses de leurs aînés.