La France tente de rétablir son influence en Amérique latine

Quang Dung
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(VOVWORLD) - Du 25 au 28 mars, le président français Emmanuel Macron a effectué une tournée en Amérique latine avec, pour destination phare, le Brésil. En effet, pour son premier déplacement dans la région, le chef de l’État français n’a fait qu’une brève escale en Guyane, territoire d’outre-mer, avant de consacrer trois jours au Brésil, première puissance d’Amérique latine.

La France tente de rétablir son influence en Amérique latine - ảnh 1Le président français Emmanuel Macron (à droite) et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva lors d'une réunion à Belém, le 26 mars 2024. Photo : AFP/AVI

Le président français avait quelques plaies à panser: les relations franco-brésiliennes étaient sorties durement éprouvées des années Bolsonaro, avec lequel il aura entretenu des relations personnelles et politiques pour le moins tumultueuses… Il n’en demeure pas moins que le Brésil, première puissance latino-américaine mais aussi 9e plus grande économie du monde, est non seulement le plus grand marché pour les exportations françaises, mais également la deuxième plus grande destination des investisseurs français, parmi tous les pays en voie de développement. La valeur des échanges commerciaux bilatéraux a dépassé, en 2023, les 9 milliards de dollars, avec un excédent de 410 millions de dollars pour la France. Sur le plan géopolitique, la France entretient une coopération défensive de longue date avec le Brésil, qui compte parmi les guides du Sud global.

Le 27 mars, les présidents Emmanuel Macron et Luiz Ignacio Lula da Silva ont assisté au lancement d’un troisième sous-marin à propulsion diesel, construit dans le cadre d'un partenariat établi en 2008.

La France tente de rétablir son influence en Amérique latine - ảnh 2Le président brésilien Luis Inacio Lula da Silva (deuxième à gauche) et le président français Emmanuel Macron (deuxième à droite) activent symboliquement le sous-marin Tonelero, le 27 mars 2024. Photo: AP

Ni la France, ni le Brésil ne veulent d’un monde dominé par  la concurrence entre les grandes puissances, a rappelé Emmanuel Macron, qui a trouvé un écho favorable auprès de son homologue brésilien…

 «Le partenariat entre le Brésil et la France, qui est caractérisé par une coopération technologique de haut niveau, renforce la détermination du Brésil à atteindre une véritable autonomie stratégique. Cela revêt une signification d’autant plus importante que l’Humanité doit faire face à une série de défis et de crises au 21e siècle», a déclaré ce dernier.

La visite du président Macron a également donné lieu à la signature d’une bonne vingtaine d’accords de coopération dans les domaines des sciences, des technologies et de l’environnement, concernant notamment la protection de la forêt amazonienne, que d’aucuns considèrent comme les poumons de la planète. La France affirme y avoir des intérêts, la Guyane française partageant plus de 700 kilomètres de frontière amazonienne avec le Brésil. Les deux pays ont ainsi lancé un projet de protection de la forêt au Brésil et en Guyane. Un budget total de 1,1 milliard de dollars est prévu pour les 4 prochaines années, a annoncé le président Macron, pour qui ce projet représente l’une des plus grandes priorités de sa tournée.

 «C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis venu ici avec plusieurs scientifiques et instituts de recherche, mais également avec une délégation d’entreprises qui déploient des projets innovants déjà dans la forêt guyanaise et brésilienne, et qui pourront mettre leurs projets, au côté des entreprises brésiliennes et des chercheurs brésiliens, au service de la préservation de la nature», a-t-il souligné.

En plus de relancer le partenariat stratégique avec le Brésil, le président Emmanuel Macron a mené avec les dirigeants brésiliens des discussions franches sur les relations commerciales entre l’Union européenne et le MERCOSUR, le marché commun sud-américain, et notamment sur l’accord de libre-échange entre les deux blocs, qui fait l’objet de vives protestations en France. D’après le président Macron, cet accord, ayant été négocié il y a 20 ans, ne convient plus aux normes commerciales et environnementales d’aujourd’hui. Il ne sert pas non plus les politiques économiques et environnementales, de l’Union européenne comme du MERCOSUR.

 «On est fou de continuer dans cette logique d’accord et à côté de ça, de faire de grandes réunions… des G20 et des COP, pour dire ‘nous, le climat et la biodiversité, on va faire de supers trucs’… Sauf qu’en même temps, ces accords entravent vraiment les efforts que nous sommes en train de faire pour la décarbonisation de nos économies, ou la lutte pour la biodiversité», a-t-il noté.

Selon Emmanuel Macron, la France soutient les efforts d’accroissement des échanges commerciaux avec le MERCOSUR, tout en restant opposée à la version actuelle de l’accord de libre-échange. Le président français a particulièrement insisté sur les normes imposées aux produits alimentaires sud-américains exportés vers l’Europe, notamment le bœuf, ainsi que sur les normes de protection environnementale. Les deux présidents ont par contre tenu à affirmer que cet accord de libre-échange n’était un problème que pour l’Union européenne et le MERCOSUR, et qu’il n’était pas de nature à compromettre les relations entre la France et le Brésil, qui poursuivront ainsi leurs coopérations dans le cadre bilatéral.

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