La crise politique en Italie et le choc pour l’UE

Ba Thi
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(VOVWORLD) - Le Premier ministre italien, Mario Draghi, a démissionné jeudi 21 juillet, au lendemain de l’implosion de sa coalition d’unité nationale. Prenant acte de l’échec du gouvernement en place, le président, Sergio Mattarella, a ensuite dissous le Parlement et convoqué des élections anticipées prévues le 25 septembre. La crise politique place le pays, mais aussi la zone euro et toute l’Union européenne, dans une zone de fortes turbulences économiques et géopolitiques.

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Le Premier ministre italien Mario Draghi lors d’une séance du Sénat à Rome, le 21 juin 2022. Photo : AFP/VNA

En une semaine, l’Italie a replongé dans l’instabilité politique alors qu’elle traverse une crise économique, sociale et énergétique. «La situation politique a conduit à cette décision», a déclaré le président Sergio Mattarella lors d’une allocution télévisée, en référence à la démission du Premier ministre Mario Draghi après la défection de trois partis importants de sa coalition lors d’un vote de confiance au Sénat.

Dans quel contexte intervient cette crise politique?

Le 13 juillet, le dirigeant du Mouvement 5 étoiles (M5S), Giuseppe Conte, a menacé de retirer sa formation de la coalition gouvernementale du Premier ministre Mario Dragui. Le M5S est la plus grande formation politique de cette coalition, avec plus de 30% des sièges au Parlement. Il avait adhéré à la coalition gouvernementale en février 2021, avec cinq autres partis.

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Le Premier ministre Draghi (à gauche) et le président Mattarella au bureau présidentiel le 21 juillet. Photo : AFP

Après le dirigeant du M5S, c’est au tour de ses homologues de deux des autres partis de la coalition gouvernementale, à savoir le Parti démocrate et la Ligue, de menacer de quitter la coalition. Cela a forcé le Premier ministre, Mario Dragui, à présenter sa démission, pour la première fois le 15 juillet, au président, Sergio Mattarella, qui l’a refusée. Ce dernier lui a alors demandé de négocier avec le Parlement afin de trouver une solution.

Le 20 juillet, la coalition s’est officiellement délitée lorsque le M5S, le Parti démocrate et le Forza Italia ont décidé de boycotter le vote de confiance destiné à mettre fin à la division et à restaurer cette coalition.

Le lendemain, le Premier ministre a déposé pour la deuxième fois sa démission au président qui l’a acceptée, en lui demandant toutefois d’expédier les affaires courantes jusqu’aux élections anticipées.

Mario Dragui, 74 ans, a été président de la Banque centrale européenne. Arrivé au pouvoir en février 2021, il est toujours considéré à Bruxelles comme le garant d’un retour à la confiance par des réformes destinées à remettre sur les rails l’Italie, perçue comme le maillon faible de la zone euro. «L’Italie ne peut pas s’en sortir sans Mario Draghi», a estimé Renato Brunetta, ministre de l’Administration publique. L’inflation à un niveau jamais connu depuis des dizaines d’années n’est en effet qu’un des problèmes que rencontre la troisième économie d’Europe.

Les inquiétudes de l’UE

De nombreux responsables européens ont exprimé leurs profondes inquiétudes face aux instabilités politiques en Italie. Le commissaire européen à l’Économie, l’Italien Paolo Gentiloni, a jugé «irresponsables» les partis ayant fait défection, alors que Bruxelles et ses partenaires européens ont fait pression pour que Mario Draghi, gage de stabilité, reste à son poste. Le président français, Emmanuel Macron, voit en Mario Draghi un grand homme d’État italien, «un partenaire de confiance» et un ami de la France, après la démission du Premier ministre qui suscite l’inquiétude sur les marchés et en Europe. Le départ de Mario Draghi, «pilier pour l’Europe», ouvre une «période d’incertitudes», a estimé jeudi la secrétaire d’État française chargée de l’Europe, Laurence Boone.

Selon des observateurs, les dirigeants européens s’inquiètent pour de nombreuses raisons. D’abord, après la sortie du Royaume-Uni de l’UE, l’Italie est considérée comme un nouveau pilier capable de rejoindre l’Allemagne et la France, pour permettre à l’UE de traverser les crises provoquées par la pandémie de Covid-19 et l’inflation. Par ailleurs, l’instabilité politique en Italie risque de créer un effet domino sur les autres États membres de l’Union européenne, dont certains sont déjà profondément divisés et soumis à une forte pression liée à la crise russo-ukrainienne, aux prix du carburant ou encore à la crise alimentaire. De toute évidence, il s’agit d’une période particulièrement difficile à traverser pour les Vingt-Sept.

 

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