Lucio Blanco Pitlo, expert de la mer Orientale et chercheur à la fondation Voies vers le progrès d’Asie-Pacifique |
Selon les analystes, en imposant ses deux nouveaux districts, relevant de la ville de Sansha à Hainan, la Chine tenterait de renforcer sa stratégie dite «quatre Sha», stratégie qu’elle a développée en 2017 après que la Cour permanente d’arbitrage de La Haye a rejeté ses revendications appelées «ligne en neuf traits» en mer Orientale en 2016.
Les ambitions expansionnistes de Pékin
La Chine profite de la pandémie du Covid-19 pour consolider sa position en mer Orientale et poursuivre sa tactique de «quatre Sha», a affirmé Lucio Blanco Pitlo, expert de la mer Orientale et chercheur à la fondation Voies vers le progrès d’Asie-Pacifique.
«Cette nouvelle provocation s’ajoute aux différentes opérations menées illégalement par les autorités chinoises pour s’accaparer de nouveaux territoires », a-t-il souligné. « Les revendications exprimées par la Chine en mer Orientale, sur les entités situées dans la zone économique exclusive et le plateau continental d’un autre pays sont parfaitement infondées. Aucune des revendications de la Chine ne saurait donc prospérer dans ces conditions.»
Les tentatives de la Chine pour monopoliser la mer Orientale ne datent pas d’hier, a déclaré Lucio Blanco Pitlo.
«Comparable aux revendications développées dans la ‘ligne en neuf traits’, la tactique de ‘quatre Sha’ ne s’appuie sur aucune preuve juridique ou historique et n’a pour seul objectif que d’imposer la souveraineté de la Chine sur ces nouveaux espaces», a-t-il dit.
La colère de la communauté internationale
Les agissements de la Chine portent atteinte à la souveraineté des États côtiers et menacent la stabilité régionale. La militarisation des récifs semi immergés et l’installation d’unités administratives dans les eaux territoriales d’un pays souverain constituent des violations du droit international et de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982. Le professeur Nguyên Hông Thao, vice-président de la Commission du Droit international de l’ONU, a déclaré:
«Les agissements de la Chine risquent de compromettre les négociations sur le Code de conduite en mer Orientale. Pékin n’a pas abandonné ses ambitions en mer Orientale et continue de consolider son emprise malgré le jugement rendu par la Cour permanente d’arbitrage de La Haye en 2016. Sa présence dans cette zone maritime hautement stratégique porte atteinte à la liberté de navigation maritime et aérienne. Au vu de la situation, il semble fort probable que la Chine usera bientôt de la force pour contraindre les États côtiers à renoncer à leurs revendications territoriales.»
Derek Grossman, expert du Centre des politiques d’Asie-Pacifique du groupe américain Research and Development, condamne l’agressivité et le mépris dont Pékin fait preuve envers ses voisins.
L’attitude offensive de Pékin en mer Orientale risque de bouleverser le fragile équilibre de la région a affirmé James Rogers, directeur du programme «Global Britain» de l’Institut Henry and Jackson, au Royaume-Uni.