Le président Donald Trump - Photo AP |
Ni Washington ni Téhéran ne veulent la guerre. C’est en tout cas ce qu’assurent les analystes, en dépit des pics de tensions auxquels on a assisté ces derniers jours. Pour rappel, Téhéran a lancé le 8 janvier des tirs de roquettes sur des bases militaires américaines en Irak afin de riposter à la frappe américaine qui avait éliminé le général iranien Qassem Soleimani le 3 janvier. Mais les allocutions prononcées suite à ces attaques montrent que les deux pays ont intérêt à en rester là.
Une riposte iranienne…
«Nous ne cherchons pas l'escalade ou la guerre, mais nous nous défendrons», a affirmé Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne, qui a affirmé que les représailles «proportionnées» de la nuit du 8 janvier étaient «terminées».
Le guide suprême, Ali Khamenei, a quant à lui qualifié l’attaque de «gifle au visage» de l’Amérique, se limitant à appeler une nouvelle fois au retrait des États-Unis de la région sans proférer davantage de menaces.
En d’autres termes, la balle est maintenant dans le camp américain.
… qui n’en engendre pas une autre…
Quelques heures après ces tirs de roquettes, le président américain a prononcé un discours. Le locataire de la Maison Blanche a joué la carte de l’apaisement, se félicitant que Téhéran «semble reculer» et se disant prêt à la paix. «Nous n'avons subi aucune perte, tous nos soldats sont sains et saufs et les dommages matériels sont minimes. Nos forces sont préparées à tout. L'Iran semble se retirer, ce qui est une bonne chose pour toutes les parties concernées et une très bonne chose pour le monde.», a-t-il déclaré.
S'il a annoncé l'imposition immédiate de nouvelles sanctions économiques contre la République islamique, Donald Trump n'a pas évoqué de réponse militaire.
La Chambre des représentants américaine, dominée par les démocrates, a par contre adopté le 9 janvier une résolution pour limiter les pouvoirs de Donald Trump en matière d’opérations militaires contre l'Iran. La résolution en question a été adoptée par 224 voix pour, et 194 contre, avec le soutien remarqué de trois républicains.
… pour l’instant, tout du moins…
Si les dirigeants des deux pays cherchent à calmer le jeu et si le spectre d’une guerre semble s’éloigner, la tension reste palpable. De part et d’autre, les responsables militaires durcissent le ton.
Le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, est apparu plus réservé sur l’effet dissuasif de l’élimination du général Soleimani. «Je pense qu’il est probablement trop tôt pour le dire», a-t-il déclaré, soulignant que les tirs de missiles iraniens sur des bases abritant des soldats américains en Irak étaient «destinés à tuer». Les États-Unis s’attendent à ce que les milices chiites irakiennes continuent à mener des opérations contre les forces américaines en Irak, «qu’elles soient dirigées directement ou non par l’Iran», a-t-il poursuivi.
Les frappes qui ont visé des cibles américaines sur le territoire irakien ne sont que le début d'une opération d'ampleur régionale, a fait savoir jeudi le commandant de la Force aérospatiale de l'armée des Gardiens de la révolution islamique Amir Ali Hajizadeh, cité par les médias iraniens. Selon lui, la «vengeance adéquate» serait de voir les troupes américaines se retirer du Moyen-Orient.
Une désescalade? Oui, mais pas d’apaisement véritable…