Lors d'une conversation téléphonique entre le président russe Vladimir Poutine (droite) et son homologue iranien Hassan Rouhani (photo Oana) |
Des accords ambitieux
Lors de sa visite du 21 juillet à Moscou, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a déclaré que son pays était disposé à prolonger l'accord de coopération global conclu il y a 20 ans avec la Russie et qui doit en principe expirer en mars 2021. Cette prolongation avait déjà été évoquée lors de la conversation téléphonique qu’avaient eue le 16 juillet le président russe Vladimir Poutine et son homologue iranien Hassan Rouhani. Conversation qui portait également sur la lutte contre le Covid-19, sur l’accord sur le nucléaire iranien ou encore sur la guerre en Syrie.
D’après le chef de la diplomatie iranienne, Téhéran et Moscou seraient tombés d’accord sur un nouvel accord dont le contenu reste à préciser.
Il faut savoir que par ailleurs, Téhéran négocie avec Pékin un accord sur 25 ans. Ce projet d’accord de coopération stratégique entre la Chine et l’Iran laisse penser à un fort rapprochement, tant économique que militaire, entre les deux pays. Même s’il doit encore recevoir l’aval des instances législatives iraniennes et qu’en tout état de cause, il ne sera pas signé avant 2021, cet accord fait d’ores et déjà couler beaucoup d’encre. Selon les documents qui ont fuité, il engagerait Pékin à investir 400 milliards de dollars en Iran dans différents domaines tels que les infrastructures, les télécommunications ou encore les transports. Il prévoit également la présence de militaires chinois sur le territoire iranien pour encadrer les projets financés par Pékin et un droit chinois de préemption sur les opportunités liées aux projets pétroliers iraniens.
L’Iran, durement touché par le retour des sanctions américaines après le retrait en 2018 de Washington de l’accord sur le nucléaire, traverse en effet une situation économique difficile. À cela s’ajoute la pandémie de coronavirus. Aujourd’hui, le président Hassan Rohani fait face à des fortes pressions internes pour sortir le pays du marasme économique. Dans ce contexte, la Chine et la Russie représentent un intérêt stratégique majeur pour l’Iran.
Un allié contre les pressions américaines
D’un point de vue diplomatique, la Chine et la Russie représentent «aux yeux de l’Iran, les seuls pays capables de résister aux pressions américaines». Pékin et Moscou pourraient servir de «parapluie diplomatique» à Téhéran en diminuant le poids des États-Unis, et de ses sanctions sur ce pays du Golfe.
Les relations entre les trois États n’ont fait que s’intensifier en raison de nombreux intérêts communs (sentiment d’encerclement par les États-Unis, lutte contre le terrorisme et la pandémie de coronavirus…). En décembre 2019, les trois pays ont d’ailleurs mené une manoeuvre navale conjointe dans l'océan Indien et le golfe d'Oman.
Ce rapprochement entre Pékin et Téhéran était déjà visible dans la gestion de la crise sanitaire. «Nous sommes prêts à soutenir l’Iran dans la lutte contre le coronavirus et nous y avons envoyé des équipements médicaux et des équipes de santé», avait déclaré en mars dernier le président chinois Xi Jinping.
De l’avis des experts, l’actuelle dégradation des relations diplomatiques entre Washington et Pékin et entre Washington et Moscou constitue une opportunité en or pour Téhéran de s’assurer l’appui d’autres partenaires afin de maintenir à flot son économie.